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Cinquante nuances de luxembourgeois


Tania Hoffmann : «Notre langue est riche de nuances subtiles.» (Photo Hubert Gamelon)

Tania Hoffmann, formatrice en luxembourgeois, sort un livre insolite : « Verwiesselungsgefor ! », ou «Danger de confusion». L’occasion d’une discussion sur les nuances du luxembourgeois.

Il y a des erreurs qui font sourire quand on apprend une langue. Mieux vaut les éviter, sous peine de vexer son interlocuteur ! Le luxembourgeois regorge de ces pièges de prononciation, ce qui ne facilite pas son apprentissage. Exemple : une infirmière tend une couverture (Decken) à un patient en prononçant «Décken» (« le gros »)… Oups !

Tania Hoffmann, formatrice en luxembourgeois depuis trois ans, connaît ces bourdes par cœur. Elle en a vu des vertes et des pas mûres avec ses élèves. D’où l’idée d’écrire un livre justement nommé Verwiesselungsgefor !. «Le luxembourgeois repose sur une nuance de prononciations impressionnante. L’umlaut n’existe pas en français, certains sons, comme le « euoul », ne se retrouvent pas en allemand, en anglais, la grammaire est très simplifiée… Bref, l’oreille travaille beaucoup quand on parle le luxembourgeois.»

Son ouvrage, auto-édité, répertorie une cinquantaine de confusions courantes, illustrées par des dessins très clairs. «Je voulais que les enfants puissent s’y plonger aussi.» Fait intéressant, son livre tombe à pic après le référendum et l’âpre débat sur l’apprentissage de la langue par les étrangers. Tania Hoffmann, qui côtoie les résidents et les nationaux tous les jours avec son métier, s’est retrouvée en plein milieu des échanges.

Qu’en pense-t-elle alors, en tant qu’experte et luxembourgeoise ? «Tout d’abord, il ne faut pas dramatiser. C’est vrai que nous avons toujours l’air sévère lorsque nous disons : ‘Eh, il faudrait parler notre langue un peu !’ Mais la réalité est plus simple. Le Luxembourg est un petit pays, notre langue revit depuis les années 80 seulement. Autant de facteurs qui nous incitent à la préserver.» Tania Hoffmann admet aussi que chacun est responsable de la situation actuelle. Les Luxembourgeois eux-mêmes ne font pas toujours l’effort d’écouter les débutants étrangers.

Répondre aux étrangers qui font l’effort

«Les Luxembourgeois sont tous multilingues. Pour les étrangers, le vrai piège est là, car on va souvent leur répondre en français ou en anglais. Résultat, la conversation ne se poursuit pas en luxembourgeois.» Or Tania le répète : «C’est la pratique qui permet de maitriser une langue.»

La formatrice voit toute la société défiler dans ses cours : étudiants en droit qui veulent décrocher le barreau, prétendants à la nationalité, nouveaux frontaliers, curieux passionnés par la mécanique du langage…

Son prochain projet ? «Mettre en place des modules très ciblés. J’en ai déjà testé quelques-uns adaptés à des corps de métier. En 30 heures, une pharmacienne a pu apprendre à parler avec ses clients sans problème. Il suffit de se concentrer sur les bonnes listes de vocabulaires, la bonne conjugaison et les mises en situation réalistes.» De quoi motiver les élèves, qui perçoivent tout de suite leur efficacité. «Les résultats concrets restent le principal moteur qui donne envie d’apprendre.»

Hubert Gamelon

Verwiesselungsgefor !, 15 euros. À commander par courriel à : luxembourgish@letz-learn.lu

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