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Alzheimer : 5000 personnes touchées au Luxembourg


Une Memory Walk est organisée samedi à Luxembourg, pour mettre en lumière les impacts de la maladie (Photo d'illustration : AFP).

La maladie d’Alzheimer touche environ 5 000 personnes au Grand-Duché. Ce chiffre devrait aller croissant du fait de l’allongement de la durée de la vie.

Cela commence par des pertes de mémoire, qui peuvent sembler anodines au début : impossible de se rappeler ce que l’on a fait cinq minutes auparavant, ce que l’on a mangé, les prénoms ou certains mots familiers. Puis viennent des difficultés à s’orienter – on se perd dans des endroits pourtant déjà connus. Sans compter ce manque de goût pour des activités que l’on avait jusque-là plaisir à faire et ces nouvelles sautes d’humeur. Jusqu’au jour où la dépendance pour effectuer des tâches quotidiennes devient inéluctable et que l’on sombre définitivement dans la démence.
La démence, dont fait partie la maladie d’Alzheimer, est progressive. Les premiers symptômes de cette maladie apparaissent vers 60 ans. «Mais celle-ci peut être installée depuis déjà 20 ou 25 ans», signale Denis Mancini, membre du directoire de l’Association Luxembourg Alzheimer (ALA) où il est le directeur des services ambulatoires.

«La première cause d’une démence, c’est l’âge»

Alzheimer, baptisée ainsi du nom du psychiatre et neurologue allemand Aloïs Alzheimer, qui l’identifia en 1907, est la plus fréquente des démences. Elle concernerait 60 à 70 % des cas.
«Entre 7 000 et 8 000 personnes seraient atteintes d’une démence au Luxembourg, soit près de 1,5 % de la population», estime Denis Mancini. Environ 5 000 personnes souffriraient donc de la maladie d’Alzheimer au Grand-Duché.
«La première cause d’une démence, c’est l’âge. De fait, les femmes, dont l’espérance de vie est plus élevée que celle des hommes (NDLR : 85 ans pour les femmes contre 79 ans pour les hommes), sont les plus touchées.»
Avec l’allongement constant de l’espérance de vie des populations, les cas de démence vont donc se multiplier. «L’Afrique et l’Amérique du Sud vont voir se développer de plus en plus de cas de démence», prévient le directeur. D’après l’Organisation mondiale de la santé, plus de 131,5 millions de personnes dans le monde pourraient ainsi être atteintes d’une démence en 2050. Il apparaît chaque année près de 10 millions de nouveaux cas, selon l’OMS.

Des traitements pour ralentir la progression

Les premiers symptômes doivent alerter et amener à consulter son médecin traitant qui lancera des tests de détection de la maladie. «Un PET Scan pourra notamment être réalisé (NDLR : tomographie par émission de positrons ou TEP en français) ainsi que différentes analyses», fait savoir Denis Mancini. «Il s’agit surtout d’un diagnostic par élimination, qui à ce jour est fiable à 85 %. Mais seule une autopsie peut confirmer à 100 % qu’il s’agit bien d’Alzheimer…»
Une analyse sanguine a bien été développée, qui permet d’évaluer le risque de la maladie vingt ans avant l’apparition des premiers symptômes en «détectant les changements cérébraux précoces avec une grande précision» selon le magazine Sciences & Avenir, citant une étude publiée dans le journal Neurology. Ce qui pose des questionnements d’ordre éthique, en discussion au niveau international, comme le souligne Denis Mancini : «Doit-on savoir que l’on a un risque de développer la maladie? Doit-on effectuer ce test sur demande? Le débat reste ouvert.»
À ce jour, la maladie d’Alzheimer, appartenant à la catégorie des «démences primaires», progressives et irréversibles (au même titre que Creutzfeld-Jacob ou Parkinson par exemple), reste incurable. Des médicaments «antidémence», appelés «inhibiteurs de la cholinestérase» (Aricept, Exelon, Reminyl, AMM) permettent de ralentir quelques années («trois, quatre ans») la progression de la maladie, «mais ils ont leurs limites et ne fonctionnent pas chez tout le monde», fait savoir Denis Mancini.

Développer ses neurones

Un médicament pour prévenir la maladie a aussi été mis sur le marché, avant d’être retiré au vu des forts effets secondaires. «Il y a même eu des morts», rappelle le directeur des services ambulatoires qui indique que l’hygiène de vie peut avoir un impact sur le développement de la maladie. «Il est évident que trop d’alcool, une alimentation pas saine, composée de trop de graisses, ou l’absence d’exercice physique et cognitif ont une influence néfaste. Il faut développer ses neurones. Tout ce qui est non médicamenteux est important dans la prévention mais aussi pour freiner la progression de la maladie : il est essentiel de rester actif et de préserver ses capacités cognitives, pratiques et sociales. Il ne faut pas s’enfermer chez soi.»
Participer à la vie quotidienne et rester au cœur de la société, c’est là l’enjeu de la 18e Memory Walk organisée par l’ALA samedi à l’occasion de la journée mondiale de la Maladie d’Alzheimer (lire encadré bleu). La manifestation a en effet pour thème cette année «l’acceptation et la tolérance».
«La maladie d’Alzheimer et les démences en général sont encore un peu taboues dans notre société», déplore Denis Mancini. «Les malades mais aussi leurs proches ont tendance à la cacher. Même si la situation évolue, il reste beaucoup de travail. Et la société doit accepter ces personnes et ne pas les rejeter, même si elles répètent vingt fois la même chose.»

Tatiana Salvan

Une Memory Walk samedi

L’Association Luxembourg Alzheimer (ALA) organisera son 18e Memory Walk demain à Luxembourg. Cet événement international lancé pour la première fois aux États-Unis en 1989 a pour objectif de sensibiliser le grand public à la maladie d’Alzheimer. La manifestation, qui se déroulera de 11 h à 18 h place Clairefontaine, a cette année pour thème l’acceptation et la tolérance, afin de favoriser une meilleure intégration des personnes atteintes de démence au sein de la société. Des marches d’une heure au cœur de la ville (accessibles aux personnes à mobilité réduite) pour marquer sa solidarité avec les malades auront lieu à 13 h, 14 h 30 et 15 h 30 et diverses animations musicales ainsi que des animations pour les enfants seront proposées dans l’après-midi. Inscription sur place le jour même ou sur www.alzheimer.lu (gratuit).

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