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Vingt-cinq ans de prison pour le meurtrier du boulanger


L’accusé lors de son procès à Nancy. (photo Est Républicain/Patrice Saucourt)

En appel, la cour d’assises de la Moselle a condamné Turgay Firik pour le meurtre de Laurent Royer, commis le 26 juillet 2011 à Blénod. Une sombre histoire de dette serait à l’origine de l’homicide.

Plus de trois heures trente, c’est le temps qu’il aura fallu aux jurés de la cour d’assises de la Moselle pour juger, en appel, Turgay Firik. Depuis mardi matin, ce quadragénaire comparaissait pour le meurtre de Laurent Royer, un ancien boulanger nancéien, le 26 juillet 2011, à Blénod. Il a finalement été condamné à 25 ans de réclusion criminelle, soit cinq années de moins que la peine prononcée à Nancy il y a un an.

« Turgay Firik affiche une sorte d’aisance et de décontraction », estime l’expert psychiatre en évoquant des traits de personnalité narcissique. « Il a une haute estime de lui-même et un sentiment d’invulnérabilité. Autoritaire, il a tendance à la victimisation. Assez froid, il a le besoin d’être reconnu et apprécié. » Une description qui coïncide assez bien avec l’attitude affichée, durant ces trois jours d’audience, par l’accusé, dépourvu de toute empathie à l’égard de sa victime.

« La famille de Laurent Royer ne comprend toujours pas pourquoi Turgay Firik leur a imposé à nouveau cette torture », souligne, en préambule à sa plaidoirie Me Hélène Strohmann (Nancy). L’accusé a juste renoncé à plaider la légitime défense qui frisait le ridicule, en première instance, quand on sait qu’il a exécuté un homme! »

La préméditation au cœur des débats

Le conseil des parties civiles dépeint « le mécanisme calculateur et froid de Turgay Firik qui, face à ces contradictions, continue de mentir ». Système de défense indécent, projet criminel bien ficelé, l’avocate tente minutieusement de convaincre les jurés que l’acte était prémédité. « C’est un odieux crime crapuleux dont chacun d’entre vous pourrait être la victime! », conclut-elle.

Pour l’avocat général, Michel Weyland, la préméditation, qui n’avait pas été retenue par les premiers jurés, ne fait aucun doute non plus. « Turgay Firik a reconnu les faits contraint et forcé! Il avait mis au point un stratagème pour attirer Laurent Royer chez lui. On ne pouvait pas s’y prendre mieux pour commettre un homicide! Il voulait se venger de la victime parce qu’il estime avoir été volé par cette dernière qui lui demandait un dessous-de-table relativement important! » Il requiert la confirmation de la peine, prononcée en mars 2015, par la cour d’assises de Meurthe-et-Moselle. À savoir trente ans de réclusion criminelle.

Avec fougue, Me Frédéric Berna tente de balayer d’un revers de manche l’argumentation de ses contradicteurs. « La préméditation? C’est stupide! », clame-t-il en conseillant aux jurés de « lutter contre les contre-vérités énoncées par l’avocat général ». Et de poursuivre  : « Pour juger Turgay Firik, vous devez prendre en compte un fait, un homme et tout ce qui va avec, aussi bien le contexte que la personnalité. »

Alors que le président Steffanus a souhaité que la question de la préméditation soit posée lors du délibéré, l’avocat fulmine  : « Cette question fait l’objet d’une abondante jurisprudence devant la cour de cassation. Peut-être votre décision va-t-elle l’abonder… » S’adressant aux jurés, il conclut  : « Juger, c’est regarder les choses avec honnêteté et objectivité! Vous ne pouvez pas le condamner à la même peine qu’un tueur sadique ou pervers! » Des propos qui n’ont, finalement, pas été entendus.

Delphine Dematte (Le Républicain lorrain)

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