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Thionville : des «tondeuses» insolites et économiques


Le bêlement des animaux remplacera le vrombissement des débroussailleuses. (Photo RL/Frédérique Thisse)

L’association Éco-Pattes vient de lâcher trois chèvres et trois béliers sur les bastions Luxembourg et République, qui bordent l’entrée de la ville.

L’image insolite sera bientôt gravée dans le paysage. Piétons, cyclistes, automobilistes qui longent les bastions à l’entrée de Thionville vont désormais apercevoir des moutons et des chèvres perchés sur ces anciens remparts.

Mercredi, l’association Éco-Pattes a lâché trois béliers à côté du parc Wilson, place de la République, et trois chèvres derrière le rond-point place du Luxembourg. L’opération vise à entretenir la végétation naturellement sur ces sites difficiles d’accès.

«Nous limitons ainsi les risques pour les agents et le temps gagné leur permet d’intervenir ailleurs», explique l’élue en charge de l’environnement à Thionville, Patricia Renaux. La Ville mise sur une gestion différenciée de ces espaces verts : «Il s’agit d’adapter les plantations, l’entretien à chaque lieu», traduit Flore Burgard, directrice cadre de vie. Les surfaces de tonte sont notamment réduites et certaines espèces, comme les orchidées et les roses trémières, refleurissent par endroits.

Interdiction de les nourrir

Sur les bastions qui bordent Thionville, le bruit des débroussailleuses sera donc remplacé par le bêlement des moutons. Les animaux y pâtureront à l’année. Des grillages ont été installés pour éviter qu’ils ne sortent la tête par les grilles du parc et que les passants ne leur donnent de la nourriture. Un abri et un point d’eau ont également été aménagés. Enfin, des rambardes entourent les ruches d’un apiculteur.

L’association Éco-Pattes adapte les choix des animaux aux terrains, à leur typologie et à leur végétation : soit trois béliers Heidschnucke sur les 5 000 m² du bastion République. Et trois chèvres, une alpine et deux boucs nains, sur les 3 000 m² du bastion Luxembourg.

«Nous avons opté pour des races rustiques qui supportent l’hiver», explique Charles-Yvonnick Soucat, le président de l’association sollicitée par la Ville. Des visites sont prévues toutes les semaines dans un premier temps, puis chaque mois. Le nombre d’animaux évoluera en fonction des besoins. Il n’est d’ailleurs pas exclu que des petits naissent un jour sur les fortifications.

Environ 2 000 euros par an

Tout a démarré avec neuf moutons en 2018. Quatre ans plus tard, l’association Éco-pattes, basée à Pournoy-la-Chétive, au sud de Metz, compte trois cents animaux dans son élevage. Vaches, ânes, chèvres, moutons et bientôt des chevaux se partagent près de 55 sites où des particuliers, des collectivités, des entreprises, des établissements scolaires ont opté pour l’écopâturage dans le Grand-Est. Elle compte dix bénévoles et trois salariés, dont deux à temps plein. Son développement est croissant. Elle devrait devenir une société coopérative à partir de septembre.

«L’objectif est de remettre des animaux en ville, d’assurer un entretien écologique des espaces, de sauvegarder les races», développe le président des Éco-pattes, Charles-Yvonnick Soucat. La démarche présente également un avantage économique pour les donneurs d’ordre, débarrassés des tondeuses, du coût de main-d’œuvre et de carburant. La Ville de Thionville déboursera environ 2 000 euros par an pour installer chèvres et moutons aux bastions. Elle a signé une convention annuelle avec les Éco-pattes, reconductible sur trois années. L’association assure toute la gestion des animaux.

Du lien social

Pour mener sa mission, l’association s’appuie sur des animaux rustiques : «Ils ne sont pas là pour grossir, faire du lait ou être vendus. On met des moutons pour les pelouses et des chèvres plutôt forestières pour des terrains à défricher. Les ânes sont surtout utilisés pour les grandes surfaces. On a aussi le projet d’intégrer des bovins.» L’agnelage assure le développement du cheptel. Le reste est acheté.

Au-delà de l’aspect écolo, la pratique peut s’avérer économique : «Sur certains types de terrain, le coût est moins élevé que pour la tonte mécanique.» Il varie de 0,09 à 0,6 euro le mètre carré. Mais le Mosellan y voit aussi un troisième intérêt, social : «Cela crée du lien et donc de la vie, tout en changeant l’atmosphère d’un lieu.»

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