Quatre-vingt-douze communes de la région Lorraine sont encore considérées comme des « zones blanches » par les opérateurs de téléphonie mobile. Les 27 000 habitants s’habituent, tant bien que mal.
Lorsque les chasseurs des environs lui envoient un SMS pour commander une table, Rosella Bigel connaît le préalable à une bonne réception sur son téléphone portable : l’appareil doit être posé en équilibre contre le sucrier, sur le zinc. Comprenne qui pourra, c’est le seul endroit où ça passe.
Pour répondre ? « Je dois alors sortir dans la rue en espérant que j’aurai du réseau. Sinon, mes textos ne partent pas et restent dans les tuyaux ». La patronne du Café du commerce, à Pexonne, hausse les épaules : « Internet, dans notre village, c’est comme Notre-Dame-des-Landes. Il faudra 50 ans pour que ça bouge.»
Encore pas pour tout le monde, le téléphone portable. Il resterait environ 1 % du territoire français sous le régime des « zones blanches ». Il y est souvent impossible – à tout le moins difficile – d’y obtenir une liaison téléphonique fiable et sans interruption avec un mobile, faute de relais.
Il faut alors jongler, sortir dans le jardin, tendre le bras et… croiser les doigts pour espérer capter des ondes favorables.
En Lorraine, 92 communes, toujours des villages de petite dimension, souffrent de ces lacunes qui empêchent environ 27 000 habitants de profiter pleinement d’appels téléphoniques ou d’internet sur les portables.
Surtout en Moselle et en Meurthe-et-Moselle
Le recensement fait apparaître qu’elles se concentrent surtout en Moselle (29) et en Meurthe-et-Moselle (28) et sont souvent situées dans des zones géographiques en retrait des villes.
Les progrès technologiques aidant, elles ont tendance à se fondre dans le paysage au fil du temps et leurs administrés s’accommodent tant bien que mal de cette particularité. On en trouve à travers la région, avec quelques zones sensibles dans le pays-haut, le nord de la Meuse, la campagne lunévilloise ou le nord-est de la Moselle.
Des villages de quelques dizaines d’habitants souvent, quelques centaines, mais aussi des entreprises concernées au premier rang.
« Jamais un entrepreneur ne s’implantera… »
« Jamais un chef d’entreprise n’envisagera de s’implanter quelque part s’il n’y a pas de connexion internet de qualité », observe un élu.
Les quatre opérateurs de téléphonie mobile se sont engagés auprès de l’État à réduire progressivement les zones blanches ou à minimiser l’impact dans les secteurs où la connexion reste médiocre, en contrepartie d’un investissement de trois milliards d’euros.
L’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes) annonce des progrès à destination des naufragés du portable. En Lorraine et Franche-Comté, ils sont 32 000.
Le Républicain Lorrain/ Antoine PETRY