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Présidentielle : les électeurs du Grand Est entre indécision et déception


Les électeurs se disent scandalisés par les affaires et jugent les programmes peu crédibles. (illustration AFP)

Perdus, tiraillés : environ un Français sur trois ne sait toujours pas pour qui voter, à quelques jours de la présidentielle. Dans le Grand Est, ces indécis confient être déçus par les candidats et une campagne brouillée par les affaires.

Frontalier inquiet. « Je sais pour qui je ne voterai pas, mais je ne sais pas pour qui je vais voter », résume Marc, 34 ans, un habitant de Metz travaillant au Luxembourg. Il se dit scandalisé par « les affaires », ces emplois fictifs présumés payés sur de l’argent public qui ont entaché l’image du candidat conservateur François Fillon mais aussi de la cheffe de file de l’extrême droite Marine Le Pen. « Dans n’importe quel autre pays, ils se seraient retirés », s’insurge-t-il. « Mon emploi au Luxembourg est directement impacté par une élection de Marine Le Pen », favorable à une sortie de l’Union européenne, souligne le frontalier, pas plus convaincu par le bouleversement institutionnel prôné par le héraut de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon, ou le « bourrage de crâne » du centriste Emmanuel Macron.

La crédibilité des programmes. L’indécision des électeurs renforce l’incertitude, alors que quatre candidats (Le Pen, Macron, Mélenchon, Fillon) sont au coude-à-coude pour le premier tour du 23 avril, avec des intentions de vote comprises entre 19 et 23%. « Pour moi, ce n’est pas clair » : Fabrice, 41 ans, commercial en Lorraine, a toujours voté « à gauche » mais s’avoue perplexe. « Macron, on ne sait pas s’il est de droite ou de gauche ». Quant au socialiste Benoît Hamon, « il est quand même issu du gouvernement sortant », très impopulaire au sein d’une partie des électeurs de gauche depuis un virage plus libéral en 2014.

« Les électeurs des deux grands partis sont terriblement fragilisés », estime le politologue Richard Kleinschmager. « Ça se sent en Alsace, terre traditionnellement de droite, mais également dans les Vosges et en Lorraine, où la déstructuration économique rend difficile la crédibilité des programmes des partis classiques. »

L’honnêteté et la morale. « Je ne sais pas pour qui je vais voter. C’est la première fois que ça m’arrive », reconnaît Françoise, 54 ans, fille de l’ancien maire d’une commune dans l’est, « plutôt de droite ». « Je rencontre plein de gens de droite qui ne savent pas pour qui voter », assure cette cadre du secteur pharmaceutique. Son choix s’était porté sur Alain Juppé pour la primaire. Elle aurait pu voter pour François Fillon « s’il n’y avait pas eu les affaires » depuis. « L’honnêteté dans la vie et en politique, c’est indispensable. Mon père était maire d’une commune et, si je faisais trois photocopies à la mairie, il sortait son porte-monnaie pour les payer. Alors, quand on voit la famille Fillon… »

Le risque et la loterie. Plutôt à gauche, Jacques Fischer, 52 ans, ingénieur dans l’industrie à Strasbourg, confie aussi être « complètement perdu » : il rejette le « frondeur » Hamon, écarte Macron, considéré comme étant « de droite » et juge « risquées » les positions de Jean-Luc Mélenchon.

Pour Richard Kleinschmager, « quand on ne sait plus à quoi se raccrocher, alors on prend un billet à la loterie en se disant pourquoi pas ? Là, le billet de loterie, c’est Marine Le Pen ».

Le Quotidien/AFP

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