Accueil | Grande Région | Philippe Buron Pilâtre, héritier du 1er homme volant, raccroche la nacelle

Philippe Buron Pilâtre, héritier du 1er homme volant, raccroche la nacelle


"Je m'en vais un peu triste", dit celui qui a régulièrement un cigare à la main. Photo : AFP

C’était sa dernière édition à la tête du « Mondial Air Ballons »: Philippe Buron Pilâtre, descendant du premier homme à s’élever dans les airs, a émerveillé la Lorraine avec ses envols massifs de montgolfières depuis 1989.

« On parle toujours plus des frères Montgolfier (…) qui ont inventé le ballon », explique-t-il, mais son ancêtre, Jean-François Pilâtre de Rozier, a été celui « qui a imaginé la nacelle » et été le premier à voler, en 1783, avec le marquis d’Arlandes.

Le premier homme volant a aussi conçu un ballon mixte (gaz et air chaud), la rozière, avec lequel l’aventurier Bertrand Piccard a fait le tour du monde en 1999, sous le nom de Breitling Orbiter.

Avoir pour aïeul Pilâtre de Rozier « donne un sens à ce que l’on fait », explique son épouse, Aline Dufour, qui co-organise le plus grand rassemblement mondial de montgolfières tous les deux ans, le Grand Est Mondial Air Ballons (Gemab), à Chambley-Bussières, près de Metz.

Derrière son bureau sur l’aérodrome, trônent des portraits de ses ancêtres. Dans leur sillage, Philippe a fondé le Gemab en 1989, année du bicentenaire de la Révolution française, avec l’idée de doter la France d’une manifestation aéronautique internationale. Il quitte alors une brillante carrière de journaliste à l’Agence France-Presse pour se consacrer à sa passion.

La recette fonctionne : la dernière édition du Mondial Air Ballons, achevée dimanche, a accueilli de l’ordre d’un demi-million de spectateurs en dix jours.

Premier vol humain

Si pilotes et spectateurs s’émerveillent à chacune des éditions, où l’on peut assister à l’envol simultané de centaines de ballons, une large place est laissée à l’histoire de la montgolfière.

Au musée, on découvre l’histoire de Pilâtre de Rozier, « illustre Lorrain » né à Metz en 1754. L’aïeul de Philippe a d’abord assisté, le 19 septembre 1783, à l’ascension en ballon de trois animaux – un coq, un mouton et un canard – dans le ciel de Versailles, sous les yeux du roi Louis XVI.

Un mois plus tard, il s’élève, à Paris, en ascensions captives jusqu’à 100 mètres. L’histoire retiendra le décollage du premier vol humain de Pilâtre de Rozier et du marquis d’Arlandes, devant le château de la Muette, le 21 novembre 1783, avant un atterrissage 25 minutes plus tard à la Butte aux Cailles.

Pilâtre de Rozier cherche ensuite à accomplir un « rêve fou », celui de traverser la Manche. Il fait construire une « aéro-montgolfière », la fameuse rozière, aussi décrite comme « une bombe volante explosive au moindre accroc ». C’est ainsi qu’il se tue, à 31 ans, dans le Pas-de-Calais, lors du premier « crash » fatal de l’histoire de l’aéronautique.

Son héritier, Philippe Buron-Pilâtre, réalise près de 200 ans après, en 1979, son premier vol en montgolfière. Et en 1983, il crée un événement à Metz: le premier « Challenge Pilâtre de Rozier » avec 15 ballons. La manifestation fera un tabac: pour l’édition 2023, 700 pilotes étaient inscrits.

« Faire rêver les enfants »

Parmi ses soutiens : Bertrand Piccard, connu pour ses tours du monde en ballon et en avion solaire. L’explorateur suisse assure que le rassemblement de montgolfières du Nouveau-Mexique (États-Unis) n’est « rien en comparaison » de l’événement lorrain. Ici, « 450 ballons décollent en même temps, volent en même temps, restent en grappe » dans le ciel.

« C’est totalement magique », soutient Piccard, qui considère la manifestation comme « dix jours hors du monde et hors du temps » où se côtoient « des dizaines de nationalités ». « C’est le monde comme il devrait être », renchérit Catherine Maunoury, présidente de l’Aéroclub de France.

« Je m’en vais un peu triste », dit celui qui a régulièrement un cigare à la main. « Mais avec Aline, on a fait ce qu’il fallait pour faire rêver des milliers voire des millions d’enfants », se console Buron Pilâtre, qui aura 69 ans à la fin de l’année.

La région Grand Est doit désormais retrouver la bonne personne pour reprendre les rênes de ce Mondial du ballon à air chaud.

PUBLIER UN COMMENTAIRE

*

Votre adresse email ne sera pas publiée. Vos données sont recueillies conformément à la législation en vigueur sur la Protection des données personnelles. Pour en savoir sur notre politique de protection des données personnelles, cliquez-ici.