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Moselle : pas simple de louer à la frontière


Trouver un logement dans les villes frontalières du Luxembourg relève du casse-tête.

Peut-on louer un 50 m², seul, en CDI, avec le salaire médian français ? La réponse n’est pas si évidente à Thionville et Longwy.

CDI, un sésame qui tient en trois lettres et ouvre bien des portes. Même celles des appartements du parc locatif privé en Lorraine nord? Dans les villes frontalières du Luxembourg, la demande, portée par le dynamisme du Grand-Duché, donne aux propriétaires bailleurs l’embarras du choix au moment de sélectionner leurs futurs locataires. «Nos quatre derniers salariés qui ont souhaité résider dans l’agglomération de Longwy, qu’ils soient en CDI ou en CDD, ont tous éprouvé de grandes difficultés à trouver un logement satisfaisant», témoigne Michaël Vollot, chargé d’étude de l’Agence d’urbanisme et de développement durable de Lorraine nord, basée à Longlaville.

Pour s’en convaincre, nous avons fait le test en répondant à plusieurs annonces postées sur internet par des agences immobilières concernant des logements situés à moins de trente minutes de la frontière. Nous avons choisi le profil d’un salarié célibataire en contrat à durée indéterminée touchant 1 800 euros net par mois, un revenu correspondant au salaire médian estimé des Français. La fourchette de notre budget se situe entre 600 et 650 euros hors charges pour une surface de 50 m² maximum.

«Ça risque de faire un peu juste»

Notre premier appel concerne un F2 de 40 m², situé dans le centre-ville de Thionville, proche de toutes les commodités, mais très mal classé au niveau du diagnostic de performance énergétique. Le prix de location est fixé à 600 euros hors charges. D’emblée, nous demandons si le montant de notre salaire pose problème. «Ça risque de faire un peu juste, j’ai une longue liste de demandes», explique notre interlocuteur qui précise que nous n’en sommes pas exclus pour autant. «La règle est d’avoir au minimum un salaire égal à deux fois et demie le montant du loyer.»

La seconde agence immobilière jointe par téléphone a des critères plus restrictifs. L’offre en question? Un F3 d’un peu plus de 50 m² à Longwy-Bas, loué 610 euros charges comprises. «Avec un salaire de 1 800 euros, on peut étudier le dossier si vous n’êtes pas en période d’essai et que vous avez un garant qui touche au moins trois fois le montant du loyer.»

Notre garant imaginaire ne perçoit pas suffisamment, alors nous continuons nos recherches en feignant d’être désespéré après de nombreux refus essuyés. «Ce n’est pas que votre dossier n’est pas bon, vous n’êtes pas spécialement catalogué, c’est juste qu’on a un tel éventail de choix que le salaire fait souvent la différence», nous console un agent immobilier thionvillois. Le professionnel explique crouler sous les demandes pour son F2 de 50 m², très bien isolé. «Je désactive toujours les annonces avant même d’avoir commencé les visites pour ne pas que le nombre de candidats s’accumule.»

La tension gagne Metz

Historiquement adossée à la métropole de Metz, l’Agence d’urbanisme d’agglomérations de Moselle (Aguram) travaille aujourd’hui avec de nombreuses collectivités, dont la communauté d’agglomération Portes de France-Thionville. Un ancrage important qui permet à l’organisme public d’avoir des éléments de comparaison entre ses différents territoires d’études. «À l’inverse de l’agglomération thionvilloise où les loyers du parc privé sont particulièrement élevés du fait de la proximité du Luxembourg, l’Eurométropole de Metz demeure encore à un niveau intermédiaire même si la pression transfrontalière s’accentue», constate Emmanuelle Bianchini, responsable du pôle habitat et société de l’Aguram.

«Avec une moyenne de 9,50 euros par m² en 2020 pour les logements du parc privé, Metz se situe sensiblement dans les mêmes valeurs que les grandes villes du Grand Est. À Nancy, par exemple, le prix était de 10,20 euros en 2020.» Si le marché messin n’est pas hors de portée, la pression est néanmoins très forte sur les petites typologies (F1, F2) lors des rentrées universitaires. «Depuis le covid, la rotation est beaucoup moins importante sur ces logements. Les agences immobilières disent n’avoir jamais connu ça avant.» La diminution de la vacance des logements est l’une des clés pour détendre le marché locatif privé. «Elle est en légère baisse à Metz. D’après l’Insee, la ville comptait 12,4 % de logements vacants en 2019 contre 12,9 % en 2016. Ce taux demeure relativement important, mais résorber la vacance prend du temps. L’Eurométropole et la Ville sont déjà engagées dans des dispositifs incitatifs et coercitifs.»

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