Metz : pourquoi tant de chantiers sur la route des vacances ?

On dirait qu’ils le font exprès : chaque fois qu’on prend la route des vacances, il y a des travaux ! Pourquoi attendre les chassés-croisés estivaux pour s’y mettre ? Réponses avec le chef de la division de Metz à la DIR-Est.

Entre la maison et les vacances, il y a des centaines de kilomètres de bitume, un GPS toujours optimiste, des vaches et des éoliennes dans les champs et… des panneaux triangulaires : ralentir, chantier. Fichus travaux ! Synonymes de ralentissement, voire d’embouteillage, c’est notre bête noire.

En juillet, sur la portion d’A31 du réseau de la divison d’exploitation de Metz, il y a déjà eu les travaux du pont de Beauregard qui ont ralenti le trafic et le chantier du viaduc de Richemont qui a obligé les automobilistes à prendre des détours.

Quant à la réparation du viaduc d’Autreville, elle continue à faire tomber le compteur à 50 km/h ! « Pourquoi programmer tous ces travaux l’été quand les vacanciers sont sur la route ! », fulmine-t-on.

Certains agents d’exploitation « se font insulter et parfois même agresser » par des conducteurs excédés, rapporte Philippe Lefranc, chef de la division d’exploitation de Metz à la DIR-Est. Et ce n’est pas juste car « on ne cherche pas à pénaliser les vacanciers. Faire des travaux l’été n’est pas un choix. Il y a des raisons ». Les voici.

• LA MÉTÉO.– Dans une région soumise au verglas, à la neige et à des températures basses l’hiver, « on ne peut faire des travaux qu’entre les mois d’avril et de novembre ». Le renouvellement de la couche de roulement au niveau du chantier d’Autreville, par exemple, n’aurait pas pu se faire avant les saints de glace. De même, on ne fauche pas en hiver… « J’ai 30 à 40 M€ d’euros de travaux par an à mettre sur les routes de la division, c’est un programme conséquent à réaliser sur l’année : on ne peut pas se permettre de neutraliser les mois d’été », argue Philippe Lefranc.

• LA DENSITÉ DU TRAFIC.– Contrairement aux idées reçues, il y a moins de monde en été sur les routes. Sur l’A31, le trafic est de 100 000 véhicules/jour en moyenne au nord de Metz (entre Metz et la bifurcation de Richemont), de 80 000 du côté de Nancy et 60 000 vers Pont-à-Mousson. Or, il baisse de 10 à 15 % en été, selon les secteurs. C’est le cas à Champigneulles, et notamment la première quinzaine d’août. « Moins de poids lourds, moins de vacanciers – ils sont en vacances – et moins de trajets- travail, avec des gens normalement moins stressés », les chantiers sont donc moins perturbants. À l’inverse, la DIR-Est tient compte des pics de circulation, généralement « les vendredis après-midi de juillet où le trafic augmente de 10 à 20 %. Si on intervient sur le réseau, on sait qu’on doit le libérer avant 15 h ». Le CISGT (le centre d’ingénierie, de sécurité et de gestion du trafic basé à Moulins-lès-Metz) « alerte France Bleu et active les panneaux lumineux », déroule-t-il.

• DES CHANTIERS SENSIBLES.– Et puis, il y a les chantiers au long cours. Celui du viaduc d’Autreville a démarré en mai et ne s’achèvera qu’en novembre, été compris. « On a fait une grosse étude de trafic avant de planifier les travaux et de déterminer les dates de fermeture complète de l’A31 la nuit – deux nuits de coupure sont encore prévues d’ici septembre . On a décidé de conserver une circulation à deux fois deux voies réduites à 50 km/h avec un tracé avec bandes jaunes le plus doux possible. Depuis fin juin, le basculement de toute la circulation d’un côté a changé de sens de manière à ce que les automobilistes arrivant depuis le nord puissent poursuivre tout droit ».

Mais on l’aura compris, il faudra – parfois – prendre son mal en patience pour rallier la grande bleue ou revenir à la maison. Le temps de réfléchir : pourquoi payer le même tarif au péage si le voyage s’est fait au ralenti ? Notre interlocuteur n’est « pas compétent » pour nous répondre. Mais en tant qu’usager, dit-il, il a le même avis que nous…

« Notre objectif premier, c’est assurer la fluidité et la sécurité du trafic »

Philippe Lefranc est responsable de la division d’exploitation de Metz à la DIR-Est et gère 750 km de réseau dont l’A31 depuis les frontières nord jusqu’à la Meurthe-et-Moselle ; le contournement de Metz (RN431) et des axes transversaux (RN4 depuis l’Alsace jusqu’à Chälons-en-Champagne, la RN59 jusqu’à Saint-Dié ou encore la RN67 jusqu’à Chaumont). Les 360 agents de la division assurent la régulation des travaux, balisent les chantiers, réalisent certains travaux en régie, interviennent sur les accidents. « Ils travaillent pour nous, faites attention à eux », rappelle la Sécurité routière.

10 à 15

En été, un grand nombre d’automobilistes est déjà en vacances et n’est donc plus sur notre réseau. Une autre part n’est pas partie et se déplace moins à cette période. Enfin, les poids lourds sont nettement moins nombreux. Pour exemple, « au niveau de Champigneulles, le trafic diminue de 10 à 15 % la première quinzaine d’août par rapport aux mois de printemps et d’automne ».

Céline Killé (Le Républicain Lorrain)