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Metz : elle a supporté dix ans d’un harcèlement sexuel estival


Le Liban n'étant pas doté d'une législation anti-harcèlement, le ministère de la Femme a soumis au Parlement un projet de loi qui attend toujours d'être approuvé. (Photo : Archives RL)

Céline n’était pas la seule femme à faire les frais de la personnalité troublée que le prévenu exprime surtout l’été. Ses inhibitions fondent à la chaleur et libèrent ses propositions bien lourdes et ses insultes grasses.

Le grand truc de Jean, 58 ans, serait de retrouver une compagne. Mais il s’y prend comme un manche. En short, t-shirt et baskets, cet habitant de Corny semble tout juste comprendre ce qu’il fait à la barre du TGI. A contrario, pour Céline, sa victime, cette même audience se pose comme le terme d’un harcèlement sexuel dont elle attendait la fin depuis longtemps. Très longtemps. Plus de dix ans estime la jeune femme partie civile qui redoutait de croiser la route du prévenu depuis les années 2004-2005.

Une crainte saisonnière parce que Jean se déchaîne avant tout l’été. « Il demande si on veut manger des glaces », rapporte Céline et, tant qu’on y est, si on ne voulait pas lui faire une petite fellation au passage. Plus inquiétant, Jean s’est plu à la suivre de la place Saint-Louis jusqu’à Pompidou. Une balade sympa d’une quinzaine de minutes de frousse qui ne sont que quelques exemples de la trentaine d’agressions verbales dont elle se dit victime. Et puis arrive cette énième scène du 5 août. Celle de trop pour Céline qui insulte le prévenu. Il lui retourne le compliment, mais semble furieux d’avoir été repoussé et se lâche. « Je vais la buter cette pute, je vais la baiser cette salope », capte un témoin alors que la partie civile est sur le chemin du dépôt de sa main courante à l’hôtel de police.

Jean baisse la tête, grommelle des « non, non, mais non », ajoute « c’est exagéré », hausse les épaules, laisse tomber ses bras de dépits, ne reconnaît que des « propos lourds », mais réfute être l’auteur « de choses graves comme ça » dont l’accumulation finit par faire craquer la plaignante. En pleurs devant le tribunal, elle ne veut qu’un euro symbolique de réparations, mais surtout ne plus rencontrer celui qu’elle a trop vu. C’est une des obligations que pose le parquet en accompagnement de ses réquisitions de 12 mois de prison dont 10 avec sursis et mise à l’épreuve (SME) pendant 3 ans en plus d’un mandat de dépôt pour purger la partie ferme sur le champ.

« On dessine un portrait très dangereux du prévenu. Mais dans le dossier, il n’y a qu’une main courante », défend Me Philippe Quatrebœufs. Et puis des femmes entendues par les enquêteurs rapportent qu’il s’arrête « quand on lui dit stop ». Ça ne surprend pas l’expert psychiatre qui a conclu à une psychose animée par des troubles obsessionnels et compulsifs. Ils ne datent pas d’hier. L’ex-épouse du client (ils sont divorcés depuis 1987) confirme la personnalité troublée, mais sans perversion sexuelle. La Poste, son ancien employeur, a fini par le mettre en invalidité en 2007. « Il est dans sa bulle depuis plusieurs années, à penser que tout le monde lui en veut », plaide le conseil qui ne veut qu’une chose : un SME intégral pour cet homme certes désagréable depuis longtemps, mais qui comparaît pour la première fois. Il l’obtient. Six mois, dit le tribunal qui accorde l’euro symbolique à la victime que Jean n’a plus le droit de rencontrer. Il ne peut plus non plus mettre les pieds à Metz.

Frédéric Clausse (Le Républicain Lorrain)

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