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Metz : des parents punis d’avoir trop puni


illustration RL/Karim Siari

Un couple de parents est passé à la barre pour avoir infligé gifles et fessées à une fillette de trois ans et demi qui en portait trop de traces.

Ludovic, 26 ans, et Samantha, 22 ans, ne sont pas des bourreaux. Plutôt des parents fragiles auxquels il manque quelques repères dans l’éducation de Sandra. Une carence qui leur vaudra une déclaration de culpabilité réclamée par Me Zakia Ait Ali Slimane, conseil de la partie civile de l’administrateur ad hoc de l’enfant. Une peine aussi.

Placée en foyer dès ses premiers mois d’existence, la fillette de trois ans retrouve le domicile familial dans la région messine, le 28 août dernier. Mais les premiers stigmates de violence apparaissent dès le 9 septembre. La procédure retient des traces encore plus récentes. Celles du 5 octobre, que Ludovic, nouveau compagnon de Samantha et beau-père de l’enfant, explique maladroitement. « Elle est tombée du lit », dit-il dans un premier temps. Et puis « elle jouait dans son lit […] était trop excitée […] j’étais énervé et elle n’écoutait pas ».

Deux gifles tombent et laissent des traces que les enseignants repèrent. Ils en ont déjà vu d’autres sur Sandra. Ludovic admet qu’il lui arrive « involontairement » de frapper. Plusieurs fois par semaine, indique l’enfant dans la procédure. La même dont Ludovic conteste partiellement le contenu à la barre, où il laisse au tribunal l’impression de protéger sa compagne. S’il dit avoir entendu des bruits de fessées données au-dessus des vêtements, il n’a jamais vu Samantha frapper Sandra. La prévenue n’a rien non plus à reprocher à son compagnon.

« Ils mentent comme des arracheurs de dents », lance Me Ait Ali Slimane. Depuis le pupitre du ministère public, Gilles Bourdier cherche à comprendre cette violence qui épargne le petit frère de Sandra, un nourrisson de huit mois. Il reste sur le terrain des hypothèses, dont l’une retient que Sandra, issue d’un autre lit, soit perçue par ses parents comme un obstacle à la construction de leur bonheur. Possible.

En défense, Me Catherine Schneider, pour la mère, et Me Marion Descamps, pour le père, s’en tiennent aux constats pour réclamer chacune la relaxe. Samantha est présentée comme « protectrice ». « Tous les éléments rapportent qu’elle est une bonne maman ». « Je ne minimise pas les faits, mais il ne faut pas tomber dans l’excès inverse […] Nous ne sommes pas dans la maltraitance […] en quatre mois on relève quelques bleus et c’est le branle-bas de combat », plaide l’avocate de Ludovic.

Il écope de 3 mois ferme et d’un maintien en détention. Samantha prend 2 mois avec sursis et mise à l’épreuve pendant 2 ans.

Frédéric Clausse (Le Républicain Lorrain)