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Choc fiscal à Thionville : « on n’a plus le choix »


"On ne fait pas ça de gaîté de cœur", clame Anne Grommerch. (Photo RL/Pierre Heckler)

Comme annoncé depuis plusieurs mois, la municipalité de Thionville va augmenter les impôts locaux en 2016. Les taux communaux de la taxe d’habitation et de la taxe foncière vont bondir de 20%. Le maire Anne Grommerch explique cette décision.

Lors du débat d’orientation budgétaire, vous aviez exposé les raisons de cette augmentation d’impôts. Mais on ne s’attendait pas à un tel choc fiscal. Pourquoi ne pas lisser cette augmentation dans le temps ?

Anne Grommerch : Pour les Thionvillois, je crois qu’il serait encore plus douloureux d’y revenir chaque année. Certes, je conçois que cette augmentation d’impôts de 20% est importante. Je peux vous assurer que j’ai tout essayé pour qu’elle soit moins forte. Nous avons fait tourner nos modèles de simulation pendant plusieurs semaines, en cherchant de nouvelles pistes d’économies, en dessinant de nouvelles perspectives. Ces 20%, c’est vraiment le minimum de ce que nous pouvions faire sans mettre en péril les finances de la ville. Et je prends l’engagement qu’il n’y aura pas d’autre augmentation d’impôt jusqu’à la fin du mandat.

Qu’est-ce qui vous permet de prendre cet engagement aujourd’hui ? On ignore encore comment évolueront les dotations de l’État après 2017…

Je suis lucide sur ce sujet. Je sais bien que même si la droite revenait au gouvernement, les dotations de l’État aux communes continueraient de baisser. Nous avons intégré ces éléments dans notre travail prospectif. Si la baisse des dotations devait s’accélérer, nous amputerions encore davantage notre budget d’investissement. Quoi qu’il arrive, nous ne toucherons plus aux impôts.

Pour les contribuables, l’effort demandé est très important. D’autant que les taxes locales sont calculées selon des modalités archaïques et injustes…

C’est vrai, et j’appelle de mes vœux une réforme des valeurs locatives qui servent de base de calcul aux impôts locaux. C’est absolument indispensable. Encore une fois, je suis consciente que cette augmentation des impôts est importante. Mais on n’a malheureusement pas le choix. Je peux vous dire qu’on ne fait pas ça de gaîté de cœur. Thionville paye la baisse des dotations de l’État, bien sûr, qui va représenter un manque à gagner de 6 millions d’euros par an à partir de 2016. Mais elle paye aussi l’endettement à outrance qui était une religion lors du mandat précédent. Aujourd’hui, les banques n’ont plus confiance en la Ville de Thionville.

Vous voulez dire que vous n’avez plus accès à l’emprunt ?

C’est très difficile. Un exemple : la Ville devait se porter caution de l’association Théras santé pour la construction du nouvel Ehpad Saint-Pierre. Eh bien la banque a refusé, estimant que la Ville ne présentait pas les garanties nécessaires. Nous devons absolument accélérer notre désendettement. Avec cette augmentation d’impôts, nous nous donnons un peu d’air.

Vous augmentez les recettes, mais quid des économies ?

Nous menons un plan d’économies sans précédent. Nous stabilisons les dépenses de personnel en ne remplaçant pas certains départs, nous avons réduit les subventions aux associations, nous avons baissé considérablement toutes nos dépenses de fonctionnement et d’investissement. Les chiffres du budget 2016 le démontrent clairement. Mais tous ces efforts ne suffisent pas à compenser les pertes de dotations. Encore une fois, si nous augmentons les impôts, c’est parce que nous n’avons plus le choix.

Recueilli par Anthony Villeneuve (Le Républicain Lorrain)

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