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Metz : à la CGT, se former pour mieux combattre l’extrême droite


Ces six derniers mois, plus de 42 formations ont été dispensées en France par le syndicat, pour lutter contre les idées d'extrême droite. (photo AFP)

Être mieux « armés » face à l’extrême droite, trouver les bons mots pour « casser » les discours de certains collègues : dans une salle de formation à Metz, des syndicalistes CGT viennent chercher des ressources à quelques jours de la présidentielle.

Au sous-sol de l’Union départementale de la CGT de Moselle, ils sont onze stagiaires. La formation est dispensée par Pascal Debay, responsable du collectif confédéral chargé de lutter contre les idées d’extrême droite, qui organise des sessions de ce type depuis 2015.

Le panel est quasi paritaire (cinq femmes et six hommes) et varié : un cheminot, un métallo, des profs, un salarié de l’automobile, une agente de la CAF… Tous sont là pour « mieux connaître l’ennemi » et trouver « des arguments forts » en cette terre de Moselle où Marine Le Pen était en tête au premier tour en 2017, avec 28,35% des voix.

Leur formateur, qui donne du « camarade » à tout va, évoque « un travail de fond » et rappelle que « ce n’est pas parce qu’il y a la présidentielle qu’on se réveille ».

La journée débute avec une vidéo de l’Institut d’histoire sociale de la CGT. Le film s’ouvre sur une image de Marine Le Pen tout sourire et ce commentaire : « le syndicalisme a toujours été une obsession pour l’extrême droite ». Le cadre est posé.

Plus grave en Moselle

Lors d’un tour de table, chacun expose ses attentes.

Saïd, dans la métallurgie à Forbach, côtoie « beaucoup de salariés qui aiment les idées d’extrême droite », notamment chez ceux qui votent CGT. Il veut avoir « plus d’éléments pour pouvoir casser tout ce qu’ils disent ».

Martine, universitaire retraitée, n’est « pas persuadée qu’on sache trouver les bons mots ». Elle estime qu' »il ne faut pas se leurrer » sur la présence au sein même de la CGT de « gens dont les idées ne sont pas toujours très claires », une situation aggravée en Moselle par « la situation économique et les pertes d’emploi ».

Il y aussi Fred, conducteur de bus, venu « pour s’armer » parce que dans son organisation, « il y en a qui votent FN, c’est sûr ».

« Pas de déni » 

S’il planche sur le sujet depuis huit ans, Pascal Debay, 49 ans, prévient, volubile : « Si j’avais LA solution, je l’aurais partagée, mais alors! » Il retient que « très spontanément », plusieurs ont parlé de la situation à l’intérieur même du syndicat, saluant l’absence de « déni », de « naïveté collective » dans la salle.

Un sondage Harris Interactive sortie des urnes en 2017 montrait que 25% des salariés proches d’aucun syndicat indiquaient voter Le Pen. Pour les sympathisants CGT, le taux était de 15%, « un score quand même pas terrible », rappelle-t-il. « Quand j’ai vu ça, j’ai pris une claque dans la gueule, alors qu’on avait déjà engagé tout ce boulot. On va voir en 2022 », lâche Pascal. « Bah, ça va être plus », tranche une militante.

Les stagiaires étudient notamment comment le « FN/RN » a travaillé sa sémantique et son image, en planchant sur les affiches de campagne entre 2002 et aujourd’hui. « Il faut quand même reconnaître qu’au niveau de la com, ils sont balèzes », note Martine.

42 formations

Des retraites aux droits des femmes en passant par les salaires, le programme du RN est longuement décortiqué pour pointer sa « démagogie sociale ». Pascal Debay relève que souvent les militants le « déchirent » sans le lire. Or, dit-il, « il faut qu’on maîtrise quand même un peu mieux leur cheminement, leurs arguments, leurs propositions pour qu’on puisse les contrer ».

Au terme de la journée, Philippe, enseignant, se félicite d’avoir désormais « des réponses à apporter », tandis que Feiza, prof au collège d’origine algérienne, qui racontait en préambule avoir « pleuré » en écoutant Éric Zemmour, en ressort en se disant que Marine Le Pen « est aussi pire ».

Quant à Fred, il trouve que « bien décortiquer le programme est vachement intéressant » pour voir comment le RN « essaye de toucher les classes populaires ». Après, dit-il, « c’est compliqué tout ça. Et puis les gens entendent un peu ce qu’ils veulent ».

Sur le semestre, pas moins de 42 formations ont été organisées dans l’Hexagone par quatre membres du collectif. Un « travail de fourmi ».

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