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Lorraine : dans les prisons, les tensions à cause du coronavirus


Le confinement dans le confinement... de quoi engendrer des situations délicates en prison, ici celle de Metz (Photo RL /Gilles Wirtz)

L’absence de masques ajoutée à la difficulté, pour les surveillants comme pour les détenus, d’appliquer les gestes barrières, génèrent de la crainte dans les centres pénitentiaires des deux villes.

«En prison, on ne respecte pas les consignes sanitaires», dit une voix au centre pénitentiaire de Metz-Queuleu. Pas de bravade, pas d’insouciance derrière ces mots, seulement une impossibilité physique de coller aux règles imposées partout ailleurs. «Les surveillants sont les uns contre les autres au moment de l’appel.» La même proximité existe au sein de la population pénale au moment des deux promenades quotidiennes. Malgré leur étalement, il est vraiment délicat d’éviter les contacts entre les 350 détenus environ qui se partagent les quatre cours du bâtiment A. L’information de la dangerosité du Covid-19 a parcouru les couloirs de la détention où elle est redoutée par ses occupants.

«Signes cliniques chez deux détenus»

Les mouvements du personnel entre l’extérieur et l’intérieur engendrent une tension «inspirée par le fait que l’on peut importer le virus», indique un interlocuteur. À Nancy, des détenus ont inscrit dans leurs doléances que les surveillants portent un masque.
La ministre de la Justice, Nicole Belloubet, a annoncé vendredi matin sur les ondes de France Info que 100 000 masques seraient distribués dans toutes les prisons entre le 20 et 23 mars. Aucun n’est encore arrivé en Moselle et en Meurthe-et-Moselle. «Il faudrait que les agents en aient, comme des gants», est convaincu un surveillant nancéien, «parce qu’on ne sait pas si tel ou tel détenu est infecté ou non. Même chose pour nous», dit-on derrière les murs sur le plateau de Haye. Un seul porteur asymptomatique pourrait semer une belle pagaille. Pour le moment, le risque ne s’est pas encore exprimé. Seuls deux détenus présentent des signes cliniques qui ont accéléré leur isolement dans des cellules du quartier transformées en lieu de confinement.

L’appréhension de la maladie bute sur un paradoxe à Metz. «Si les surveillants peuvent sortir et rentrer, les détenus estiment que les familles pourraient revenir les voir.» Le spectre du coronavirus cède pour certains d’entre eux devant leurs besoins de contacts avec leurs proches depuis la suspension des parloirs et d’une partie des activités. «Il n’y a plus d’école d’intervenants extérieurs, plus d’ateliers de formation non plus (NDLR : en peinture ou en menuiserie).» Un seul tourne encore où l’on conditionne du gel hydroalcoolique en flacons. Le rythme de travail est momentanément ralenti par des punitions imposées à quelques détenus qui ont refusé de réintégrer leur cellule hier. Un mouvement identique a touché Nancy le même jour. Si les masques et les gants arrivaient un jour «ce serait plutôt apaisant», considère un personnel de Metz-Queuleu.

Frédéric Clausse (Le Républicain Lorrain)

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