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Les étudiants se mobilisent à Strasbourg pour venir en aide aux hôpitaux


Une trentaine d'étudiants en pharmacie se relaient pour produire des stocks de solution hydro-alcoolique. (Photo / AFP)

Cinq cents litres par jour : étudiants en pharmacie à Strasbourg, ils se sont mobilisés pour fournir aux hôpitaux publics de la ville la quantité de solution hydro-alcoolique nécessaire à leur bataille quotidienne contre le coronavirus.

Equipée de pied en cap (combinaison, charlotte, masque, lunettes et gants), une étudiante se concentre pour remplir avec précision une éprouvette graduée, tandis qu’une autre agite le mélange dans une grande cuve en inox. Face aux besoins grandissants du personnel hospitalier en solution hydro-alcoolique, indispensable à la lutte contre l’épidémie de Covid-19, l’Agence régionale de santé (ARS) a accordé le 17 mars une autorisation temporaire exceptionnelle à l’usine-école « Ease » (European Aseptic and Sterile Environment), rattachée à l’université, pour fabriquer cette solution dans ses salles blanches.

« Pour l’instant, on couvre les besoins quotidiens de l’hôpital public », c’est-à-dire des Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS), en première ligne dans la prise en charge des malades graves du coronavirus, et de l’Institut de cancérologie de Strasbourg, explique Constance Perrot, la directrice d’Ease. Dans ce bâtiment flambant neuf inaugurée fin 2018 à côté de la faculté de pharmacie, à Illkirch-Graffenstaden, 2.000 m² de salles blanches servent habituellement à former des étudiants à la production de médicaments et d’autres produits en milieu aseptisé et stérile.

Un « outil formidable » dans les circonstances actuelles pour concocter la solution hydro-alcoolique en grande quantité et dans des conditions strictes, relève le professeur Jean-Pierre Gies, doyen de la faculté de pharmacie. « Dans une situation critique comme on la vit actuellement, nous trouvions tout à fait normal et cohérent que nos étudiants d’une filière de santé se mobilisent pour se mettre au service de la population », ajoute-t-il. Le nombre de volontaires a été plus important que nécessaire. « Les étudiants ont très bien réagi, ils se sentent investis d’une mission », considère le doyen.

« L’idée est d’être capable de monter encore en quantité »

Dans la salle blanche, un alcoomètre est plongé dans la cuve, avant que ne soit installée la machine qui va permettre de remplir les bidons ou flacons. Le tout sous le regard vigilant d’Anne Dory, responsable pharmacotechnie à la pharmacie des Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS). « Pour la pharmacie des HUS, il faut vraiment que ce soit fait de façon parfaite », souligne Constance Perrot. Ainsi, rien ne pénètre la salle sans avoir été décontaminé y compris pour les bidons de matières premières stockés à proximité : éthanol, eau oxygénée, glycérol et eau.

Dans de petites armoires métalliques, les premiers flacons remplis de solution hydro-alcoolique, précisément étiquetés par lot, attendent les 72 heures nécessaires pour s’assurer qu’aucune bactérie n’est présente. Puis ils seront acheminés vers les services hospitaliers. Si la priorité reste l’approvisionnement de l’hôpital, « l’idée est d’être capable de monter encore en quantité », indique la directrice de l’usine-école dont la production pourrait doubler si nécessaire.

Forte mobilisation des acteurs économiques locaux

Certains bidons seront aussi distribués à des commerçants, via la Chambre de commerce et d’industrie (CCI). « Le tissus économique local s’est sacrément mobilisé pour que tout le matériel nécessaire soit rassemblé en quelques jours », pointe Jean-Pierre Gies. Des restaurateurs ont prêté les cuves en inox, habituellement utilisées dans leur cuisine, des distilleries ont fourni de l’alcool, la CCI a recherché des flacons… En parallèle, les laboratoires de recherche universitaires ont fourni des matières premières et des équipements comme les éprouvettes ou les béchers.

A l’extérieur des salles blanches, Jean-Pierre Gies, ainsi que la responsable administrative de la faculté de pharmacie Irène Monzon, tous deux gantés et masqués, aident à charger des bidons dans des cartons et à nettoyer les flacons. « On contribue comme on peut », explique en souriant le doyen « très fier » de ses étudiants qui restent, eux, hors de portée, derrière la vitre du laboratoire.

LQ / AFP

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