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Hôpitaux Vivalia : «Nous avons été attaqués au cœur du système»


Si la radiographie n’a pas cessé de fonctionner, l’imagerie n’est plus diffusée sur les ordinateurs.

Après la cyberattaque qui a paralysé leurs hôpitaux, les dirigeants de Vivalia font le point.  Ils défendent leur gestion de la crise.

Une semaine après avoir subi une attaque informatique d’ampleur, où en sont Vivalia et ses hôpitaux ? Les dirigeants de l’intercommunale ont tenu à faire le point. «Nous avons commencé la phase de reconstruction des systèmes informatiques», indique Yves-Henri Serckx, directeur informatique de Vivalia.

«Nous poursuivons la vérification de la faille, bien identifiée, en nous assurant que c’est la seule. Et nous avons tous les moyens dont nous avons besoin à notre disposition.» Si la situation s’améliore de jour en jour, Yves Bernard, le directeur général de Vivalia, reconnaît que «si on est capable de redémarrer de manière progressive et sécurisée, donc lente, à partir du début de la semaine, ce sera un exploit, car il faut tout vérifier et cela prend du temps.»

Un plan de redéploiement est suivi pour rétablir progressivement les cinq systèmes touchés (laboratoire, radiologie, dossiers patients, pharmacie et stérilisation) «de manière extrêmement professionnelle», note le Dr Pascal Pierre, directeur médical de Vivalia. «Quand ils seront connectés à nouveau, nous pourrons remonter en puissance progressivement.»

«Actuellement, c’est petit à petit, sans ouvrir les connexions vers l’extérieur. Il faut savoir que, à terme, les 1 500 ordinateurs de Vivalia devront être reformatés et reconnectés, ça ne se fera pas en un claquement de doigts. Le CHwapi (NDLR : le centre hospitalier de Wallonie-Picarde, qui a subi une attaque en février 2021) a pris 4 à 6 mois pour retrouver la normalité, mais notre volonté est de reprendre le rythme opératoire et une offre complète des soins dès que possible.»

Tout en prenant le CHwapi en référence, le directeur médical souligne qu’«il ne faut pas tout comparer, l’attaque est beaucoup plus profonde que pour les autres hôpitaux touchés ces dernières années. Nous avons été attaqués au cœur du système, comme si un missile avait touché un poste de commandement».

«Ce n’est pas le chaos !»

Concrètement, qu’en est-il actuellement pour les patients ? Les opérations sont toujours suspendues, sauf celles urgentes et les accouchements bien sûr. Quant aux consultations (6 349 sont programmées cette semaine sur quatre jours), pour l’instant, «elles restent suspendues et les médecins qui auront accès à leur liste pourront recontacter les patients prioritaires selon leurs possibilités», éclaire le Dr Pascal Pierre, précisant également qu’aucun patient n’a été transféré.

Si la radiographie n’a pas cessé de fonctionner, l’imagerie n’est plus diffusée sur les ordinateurs, par exemple. «Et les laboratoires n’ont pas cessé leurs analyses, mais ils en effectuent 40 ou 50 par jour à la place de 500», complète le directeur médical. Enfin, il a été confirmé que les salaires et tous les autres paiements seront bien versés.

La direction de Vivalia a également profité du point presse pour faire part de son mécontentement sur certaines critiques quant à sa gestion de l’affaire. «Nous avons été choqués de voir que la presse parlait de chaos, ce n’est pas le chaos ! Vivalia gère la crise de manière professionnelle, nous avons l’habitude de les gérer, surtout avec le covid», assure Yves Bernard, qui admet comprendre que le retour «au bic et au papier est bien moins souple», tout en saluant le travail de ses équipes.

Reste que sur le terrain, plusieurs employés confient que «si ce n’est pas du chaos, ça y ressemble». C’est que les conditions de travail, qui étaient déjà loin d’être optimales, sont pires depuis l’attaque. Le Dr Pascal Pierre reconnaît que «ce qui est important, c’est la communication interne. Nous utilisons entre autres un groupe privé sur Facebook pour partager les infos et le nombre d’adhésions a d’ailleurs explosé depuis une semaine. Par ailleurs, la téléphonie est rétablie. Et le call center est toujours en action». Et de conclure : «Il faudra du temps, mais nous allons prendre les mesures nécessaires pour que ça n’arrive plus jamais.»

Vivalia «joue la transparence»

Critiquée par certains pour une communication peu claire, la direction de Vivalia, via Yves Bernard, souligne que «Vivalia joue la transparence, mais nous sommes limités par le secret de l’instruction. Nous savons ce que nous pouvons dire et ce que nous ne pouvons pas dire».

Le président de Vivalia, Yves Planchard, a, lui, indiqué qu’une analyse complète devra être effectuée plus tard et qu’ils communiqueront les éléments de réponses, «en fonction aussi de la partie judiciaire».