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Les séries françaises  peinent face aux exigences  des géants du streaming


Douche froide pour des séries françaises comme Drôle ou Mixte, arrêtées au bout d’une saison respectivement par Netflix et Amazon, selon des critères jugés peu lisibles mais qui ramènent à l’exigence de performance internationale des géants du streaming.

Après l’euphorie d’un lancement à gros budget pour Drôle, sa créatrice Fanny Herrero, révélée avec le succès mondial de Dix pour cent, ne cachait pas sa tristesse la semaine dernière après sa non-reconduction pour une deuxième saison. «C’est un tel engagement de créer une série, de se projeter sur la durée, de rêver sa suite! De la voir soudainement annulée, j’ai un peu les jambes coupées», confiait à Télérama la scénariste qui avait signé en exclusivité avec la plateforme pour créer cette série sur le milieu du stand-up. Et d’ajouter : «Nous n’avons pas satisfait les attentes d’audience de Netflix, selon leurs standards et leur algorithme que personne ne connaît vraiment.»

Questionnée sur ce choix, la plateforme avait souligné la nécessité d’un juste rapport entre «audience et coût de fabrication». L’an dernier, une autre pointure française du scénario, Marie Roussin, à l’origine des Bracelets rouges pour TF1, vivait une déception similaire avec l’arrêt de Mixte, première série 100 % française d’Amazon Prime Video sur les débuts de la mixité scolaire dans un lycée des années 1960.

Malgré un retour de la plateforme sur des «statistiques excellentes», attestant que la grande majorité des spectateurs avaient suivi intégralement la série, celle-ci n’a pas été renouvelée faute d’avoir atteint le nombre requis de vues pendant les 28 premiers jours de diffusion, relate Marie Roussin sans divulguer de chiffres exacts.

«Règles floues, pas fiables»

Une décision d’autant plus difficile à comprendre qu’«on était très proche d’avoir atteint l’objectif», avec des retours positifs sur la série tant des critiques que du public, ajoute l’auteure, également présidente de la guilde française des scénaristes, le syndicat de la profession. «Qu’une plateforme ou une chaîne arrête une série qui ne rassemble pas assez de monde, c’est normal. Mais ce qui était frustrant pour Mixte, c’est que les règles semblaient très floues, pas fiables», regrette Marie Roussin. Pour l’heure, pas de renaissance en vue pour cette série, dont Amazon détient les droits, comme pour Drôle chez Netflix.

Interrogées sur leurs mesures d’audience, Amazon Prime Video et Disney+, qui devront décider de l’avenir de leurs séries françaises Totems, Week-end Family ou encore Parallèles, n’ont pas souhaité communiquer.

Chez Netflix, on se dit attentif à plusieurs mesures d’audience, comme le nombre d’heures passées devant un programme ou la proportion d’abonnés le regardant dans son intégralité, mais aussi à son coût de fabrication. Et plus la production est chère, plus la barre est haute, précise-t-on.

La colère des fans de Sense 8

«Pour Netflix, comme Amazon, ça ne suffit pas d’avoir une base de fans qui va regarder leurs séries. Avoir des audiences de niche pour des marchés de niche, ce n’est pas intéressant pour eux parce que ce n’est pas rentable», affirme la journaliste Capucine Cousin, auteure du livre Netflix & Cie : les coulisses d’une (r)évolution. Bien qu’«inattendu», l’arrêt de Drôle s’inscrit dans une longue liste de productions originales interrompues par Netflix chaque année, mentionne la journaliste, rappelant que la colère des fans de la série américaine Sense 8 à l’annonce de son arrêt n’avait pas fait plier la plateforme.

«Lancer une nouvelle série, donc un nouvel univers suscitant la curiosité des abonnés, leur coûtera moins cher plutôt que d’étirer une série sur plusieurs années», analyse-t-elle.  Reste aussi à renforcer «l’indépendance des équipes françaises», selon un scénariste échaudé. «Ce sont des Américains ou des Britanniques qui décident de ce qui va plaire à un public français. Il faudrait que ça change!»

Ce sont des Américains ou des Britanniques qui décident de ce qui va plaire à un public français. Il faudrait que ça change !

Après La Flamme, Jonathan Cohen parodie Koh-Lanta dans Le Flambeau

Un an et demi après le carton de La Flamme, série inspirée de l’émission de téléréalité le Bachelor, «Maaaaaarc», Anne «la nulle» ou encore Chataléré reviennent dans Le Flambeau, les aventuriers de Chupacabra, une parodie de Koh-Lanta, toujours signée Jonathan Cohen.

L’acteur, scénariste, producteur et réalisateur renfile son costume de pilote de ligne célibataire et imbu de lui-même pour cette suite en neuf épisodes de 30 minutes, diffusés au rythme de trois par semaine à partir d’aujourd’hui sur Canal+.

Cette fois, Marc, qui devait choisir une heureuse élue parmi 13 prétendantes dans La Flamme, débarque sur une île mexicaine pour un jeu d’aventures dans lequel 16 candidats s’affrontent pour remporter la «somme folle» de 450 euros. Aux nombreux anciens du casting d’origine (Géraldine Nakache, Leïla Bekhti, Adèle Exarchopoulos, Ana Girardot, Camille Chamoux…) s’ajoutent de nouveaux camarades comme Jérôme Commandeur (dans le rôle du présentateur), Kad Merad, Gérard Darmon, Jonathan Lambert, le youtubeur Mister V ou encore l’humoriste Laura Felpin.

«Je ne suis plus le personnage principal», a assuré Jonathan Cohen début avril à l’occasion de la projection des deux premiers épisodes. Succès de l’automne 2020, avec au moins «12 millions de vues», selon un tweet de son créateur, La Flamme devait initialement connaître une suite centrée sur une femme entourée de prétendants. Mais «on galérait dans l’écriture. Cela faisait un peu réchauffé», a expliqué Jonathan Cohen, qui a revu sa copie après l’embauche de nouveaux auteurs lui ayant suggéré une émission à la Koh-Lanta, le programme phare de TF1.

«On a mis six mois pour écrire cette saison, ce qui est très, très court», a-t-il ajouté, alors que le début du tournage a été maintenu comme prévu en septembre 2021 en Corse.  L’opération s’avérait d’autant plus compliquée que les auteurs, qui s’étaient inspirés pour La Flamme du format américain Burning Love produit par Ben Stiller, partaient cette fois «de zéro».

Mais les «idées foisonnaient, cela a été fluide», selon l’interprète de Serge Le Mytho, vu dernièrement au cinéma dans En même temps, de Gustave Kervern et Benoît Delépine. Une prochaine saison parodiant The Voice ou La Star Academy pourrait-elle alors s’envisager ? «On ne sait pas pour l’instant», a répondu Jonathan Cohen, tout en relevant le potentiel des «chanteurs» de son casting.

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