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Heaulme condamné à la perpétuité : « Ça y est, je sais qui a tué mon fils »


L'accusé, qui n'a pas réagi à l'énoncé du verdict, a signifié à son avocate Me Liliane Glock son intention de faire appel. (photo AFP)

Pour la justice, Montigny c’est lui. La cour d’assises de la Moselle a condamné mercredi le tueur en série Francis Heaulme à la réclusion criminelle à perpétuité pour le double meurtre de Cyril et Alexandre en 1986, malgré l’absence d’aveux et de preuves dans ce dossier hors norme.

Trente ans et cinq procès après les faits, le jury a déclaré Francis Heaulme coupable des meurtres de Cyril Beining et Alexandre Beckrich, âgés de 8 ans, retrouvés le crâne enfoncé à coups de pierre le 28 septembre 1986, sur un talus SNCF de Montigny-lès-Metz. « Ça y est, je sais qui a tué mon fils », a lâché en larmes, à l’énoncé de la peine, Chantal Beining à son avocate, Me Dominique Boh-Petit. Ce sont ces deux femmes qui, plus que tous les autres, se sont battues pour que le procès ait lieu, après un non-lieu en 2007 et une audience interrompue en 2014.

L’accusé, qui n’a pas réagi à l’énoncé du verdict, a signifié à son avocate Me Liliane Glock son intention de faire appel, a-t-elle indiqué peu après. Ouvrant la voie à un sixième procès.

Pour les Beckrich, « non, ça ne les soulage pas »

Cette condamnation est conforme aux réquisitions de l’avocat général qui avait demandé aux jurés de ne pas s’attacher au manque d’aveux dans ce dossier de 30 ans, dans lequel plus aucune preuve matérielle ne subsiste. Dossier qui connut aussi l’une des plus grandes erreurs judiciaires françaises: la condamnation, en 1989, de Patrick Dils, 16 ans, acquitté 15 ans plus tard. Mais pour certaines familles, la culpabilité et les aveux, rapidement rétractés, de Patrick Dils, sont insurmontables, et la condamnation de Francis Heaulme ne change rien. Pour Me Dominique Rondu, avocat notamment de la grand-mère d’Alexandre, qui avait presque plaidé l’acquittement depuis le banc des parties civiles, ce verdict est, en l’absence totale de preuves matérielles, « de l’intime conviction pure et simple, et très franchement, ce n’est pas satisfaisant ». Quant à ses clients, « non, ça ne les soulage pas », a-t-il ajouté.

Durant les quatre semaines d’audience, Francis Heaulme, quasiment impassible dans le box, a d’ailleurs toujours nié. Il s’est très peu exprimé, se levant uniquement pour répéter : « Montigny, c’est pas moi ». Sa défense, combative, avait maintes et maintes fois conjuré les jurés de ne pas faire de Francis Heaulme un coupable de substitution, en le condamnant sur son nom, plutôt que sur des preuves. Que s’est-il passé sur le talus le 28 septembre 1986 ? Cette question, « je veux qu’elle vous hante pendant tout votre délibéré. Si vous n’avez pas de réponse, votez non. Ne refaites pas un nouveau fiasco judiciaire. Votez non, ça rendra justice à la justice », avait lancé Me Stéphane Giuranna en conclusion des plaidoiries de la défense.

Troisième condamnation à perpétuité

Mais les jurés ont finalement suivi l’accusation, qui avait présenté un faisceau de présomptions, notamment sa présence avérée près des lieux du lieu du crime, le jour du crime, ainsi que certaines de ses déclarations selon lesquelles il serait monté sur le talus. « Francis Heaulme vous dit ‘Montigny, c’est pas moi’. Par votre juste verdict, vous lui direz ‘Alexandre c’est vous, Cyril c’est vous' », ont martelé les deux représentants du parquet.

La cour leur ayant donné raison, « plus personne ne s’autorisera à dire que (Heaulme) est un coupable de substitution », s’est félicitée Me Boh-Petit. C’est la troisième fois que le « routard du crime » est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Il a également été condamné trois fois à trente ans de réclusion, deux fois à vingt ans, dont une pour un double meurtre, et une fois à quinze ans de réclusion. Au total, la justice l’a reconnu coupable de 11 meurtres. Il a également bénéficié d’un non-lieu et d’un acquittement dans deux autres affaires criminelles.

Le Quotidien/AFP

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