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Déchets du BTP luxembourgeois : un marché porteur en Lorraine


La Moselle a une capacité de stockage des déchets de 532 000 tonnes. Un chiffre qui devrait augmenter ces prochaines années avec l’ouverture de la carrière d’Audun-le-Tiche et celle, peut-être, d’Ottange (Photo Illustration RL : Pierre Heckler).

Le Luxembourg ne peut plus stocker tous ses déchets issus du BTP, faute de disposer de décharges en nombre suffisant. Le pays en exporte donc une grande partie vers la Moselle, notamment à Ottange.

Dans le Pays-Haut, on n’a pas de pétrole, mais on a des déchets, et ils rapportent gros. Alors que les travaux d’excavation ont commencé dans la carrière d’Audun-le-Tiche (26 hectares), un nouveau site de stockage pourrait voir le jour prochainement, à Ottange cette fois. La société Habay Frères, domiciliée à Villers-la-Montagne (54), vient de déposer une demande d’exploitation d’une ancienne carrière laissée à l’abandon depuis les années 1970. D’une superficie bien plus modeste (1 hectare), ce «trou» de 182 800 m³ a pour vocation d’être comblé par des déchets inertes du BTP, principalement en provenance du Luxembourg. À l’issue de l’enquête publique, lundi, le préfet pourrait délivrer une autorisation d’exploiter le site.

Audun-le-Tiche, Ottange et peut-être bientôt Hunting : les installations se multiplient en Moselle. La Lorraine compte 25 carrières et le Grand Est, 68 installations de stockage de déchets inertes (ISDI). La Moselle a porté sa capacité de stockage à 532 000 tonnes, soit le quart de la capacité de la région (source : Cellule économique régionale de construction). Pourquoi une telle concentration sur le département ?

«Sur le plan moral et écologique…»

D’abord pour absorber le flux des déchets venant du Luxembourg. Depuis la fermeture de la décharge de Mondercange, le Grand-Duché augmente chaque année le volume de ses déchets exportés. Ses capacités de stockage s’amenuisent : elles arriveront à saturation d’ici quinze ans. De l’autre côté de la frontière, les importations ont été multipliées par trois en vingt ans. Le Grand Est est la région qui importe le plus de déchets inertes en France (2,4 millions de tonnes dont 1,8 million de tonnes provenant du Luxembourg). Une tonne sur deux est destinée à être enfouie, à défaut d’être recyclée.

Les projets se multiplient parce que le marché des déchets est rentable. La tonne de déchets inertes est facturée entre 1 et 8 euros, selon une étude de l’Ademe parue en 2012. Avec une capacité théorique de 62 152 tonnes par an, la future carrière d’Ottange pourrait permettre à son exploitant d’atteindre 497 000 euros de chiffre d’affaires par an. Contactée, la société Habay Frères n’a pas souhaité communiquer sur le sujet. De son côté, la mairie percevra une rente de 1 000 euros/an pour la concession de la parcelle et 1,05 euro/m³ de remblai facturé. Soit… 39 325 euros de gains annuels. Le jeu en vaut-il la chandelle ? «Sur le plan moral et écologique, c’est sûr qu’on peut se poser la question, concède Fabienne Menichetti, la maire d’Ottange. Mais il ne faut pas cracher dans la soupe : ne gazons-nous pas le Grand-Duché avec nos voitures ?»

Damien Golini (Le Républicain lorrain)

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