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Cattenom, les enjeux d’un chantier hors norme


Outre l’enjeu industriel des chantiers sur la Tranche 1, appelé dans le jargon Grand Carénage, le challenge de centaines d’hommes confinés en zone est énorme. (Photo : RL)

3 500 personnes chaque jour… Cattenom prépare la visite décennale de sa tranche 1. Trente ans obligent. Un enjeu doublement important, puisque ces travaux colossaux doivent préparer à l’allongement de vie du site.

Penser à tout. Pour le chantier mais aussi la logistique qu’entraînent 3 500 personnes sur le site, chaque jour, pour la visite décennale et le grand carénage des 30 ans. Penser jusqu’à la demande de modification du cycle d’un feu tricolore pour contrer l’intolérable file d’attente du matin. Une anecdote pas si anecdotique…

Tout est à l’avenant. Le manque de parkings, sévèrement critiqué, décennale ou pas, a conduit à l’aménagement de mille places supplémentaires. L’accueil avec délivrance de badge est en plein travaux pour augmenter le nombre de guichets. « Certaines journées, on délivre 300 à 400 badges », détaille Guy Catrix, directeur du site de Cattenom. Réduire l’attente, certes. Mais entre le badge et la délivrance des consignes de sécurité, le sous-traitant entrant y passera, quoi qu’il arrive, une demi-journée.

Muni de son badge, indispensable et primordial, le prestataire pourra rejoindre le tout nouveau bâtiment vestiaire et ses 800 casiers. Pas du luxe. Les anciens remontaient aux années 80 et les hommes devaient s’y serrer. Le badge sert aussi de clé de casier.

Bleu de travail enfilé, en route vers les tourniquets, sésame de l’entrée. Passage au contrôle de détection des métaux. Là encore, agrandissement : « On est passé de trois à cinq lignes. » Sur site, Cattenom a cherché à rationaliser les gestes d’avant-chantier. Récupération d’outils, d’appareils de radioprotection et de dosimètres. « On a tout regroupé au même endroit. » Bête comme chou, encore fallait-il le faire.

Un bâtiment de 6 700 m² a ouvert au début de l’année. Huit cents postes de travail. De quoi libérer les bungalows extérieurs et les réserver à la logistique d’arrêt de tranches et délivrance d’autorisation de travail. Les chefs de chantier devraient apprécier de ne plus courir en multiples lieux. « On a cherché à simplifier au maximum le parcours du prestataire. » Jusqu’à créer des restaurants sur zone pour éviter de nouveaux passages aux contrôles.

En trois mois, des dizaines de chantiers simultanés seront menées.

A la sortie de zone contrôlée, même volonté d’améliorer les flux. « Désormais, on sépare le contrôle des matériels et des personnes. On essaye aussi de lisser les sorties. » Il était temps, a-t-on envie de dire. Décennale ou pas, parcours et organisation n’étaient plus adaptés au nombre de sous-traitants intervenants sur des arrêts de tranche toujours plus denses.

« En ce moment, avec la visite partielle de la tranche 4, 3 000 personnes, dont 1 400 agents et sous-traitants permanents, entrent déjà quotidiennement sur le site », compte le directeur. La décennale de la tranche 1, programmée en juin, n’en accueillera « que » 500 de plus !

En trois mois, des dizaines de chantiers simultanés vont être menés : réchauffeurs, condenseurs, transformateurs principaux, aéroréfrigérants, etc. La salle de commande va être refaite. Les tubes guides de grappes, mécanisme qui pose et dépose les tubes de combustible et avait tendance à se gripper, seront remplacés. Les diesels revisités. Un rapport interne pointe du doigt le mauvais état des diesels de secours de tout le parc !

En revanche, de longue date Cattenom avait décidé de ne pas remplacer le générateur vapeur pendant sa décennale. Suffisamment de travail comme ça. Le site de Paluel avait, par contre, pris le parti de tout mener de front. La chute d’un générateur vapeur en pleine maintenance, le 31 mars dernier, a provoqué une onde de choc dans le milieu nucléaire. 465 tonnes qui s’écrasent au sol, ça fait mal ; les plateaux de protection de la piscine du bâtiment réacteur auraient souffert.

Autre différence avec Paluel qui a ouvert le bal de ces chantiers grand carénage : la décision de ne procéder à ce type de visite « que » tous les deux ans. Paluel travaille sur le rythme d’une décennale tous les ans. Un rythme qui semble effréné.

Laurence Schmitt (Républicain Lorrain)

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