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Amnéville : des impayés à la pelle


Les sommes non réglées à la commune atteignent un total de 4,3 millions d’euros. Et le fisc français est dans les parages.

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Les agents du fisc ont examiné les comptes du Snowhall et ont relevé de grosses irrégularités qui ont failli coûter très cher à la municipalité. (Photos : RL/Maury Golini/DR)

En terres amnévilloises, il n’y a pas que le Galaxie, placé en redressement judiciaire depuis plus d’un an, qui bat de l’aile. Les nombreuses structures ayant assuré, depuis plusieurs années, l’essor de la zone de loisirs développée sur les friches sidérurgiques, sont, pour la plupart, au plus mal. Les conséquences de cette situation impactent aujourd’hui directement les finances de la Ville.

Et pour cause : au même titre que la salle de spectacles, les différentes administrations satellites constituant ici et là l’offre détente à Amnéville, sont toutes locataires de la municipalité, propriétaire des murs. Un choix qui ne date pas d’hier que d’avoir opté pour le développement d’associations ou de sociétés d’économie mixte. D’avoir également emprunté en lieu et place de ces dernières.

De fait, le Pôle thermal et ses trois unités (Villa Pompéi, Cure et Thermapolis), au même titre que le Snowhall, l’association du centre de loisirs (CDL) avec ses chalets, l’Atomic Bowl ou encore la Taverne des Trois Brasseurs, doivent tous un gros quelque chose : un loyer ou un remboursement d’emprunt à la Ville.

> Contexte austère

Les sommes non réglées, additionnées les unes aux autres depuis plusieurs années, sont astronomiques et peuvent ici atteindre les 2,2 millions d’euros ; là, 1,5 million d’euros ou là encore, les 500 000 euros. Bref, un total de 4,3 millions d’euros environ dont la commune ne peut profiter pour investir voire alléger sa dette en cours de 24 millions d’euros. Dette à laquelle il convient d’ajouter encore plusieurs millions d’euros correspondant aux intérêts d’emprunts, toxiques ou pas, qui font dangereusement flirter la commune avec les 45 millions d’euros.

C’est dans ce contexte des plus austères et étriqués que le maire, Éric Munier, a annoncé jeudi soir, en conseil municipal, que les investissements à venir seraient très certainement nuls ou encore, qu’il n’exclut nullement d’envisager une prochaine augmentation des impôts.

Autre nouvelle du même acabit : un petit pactole de plus de 3 millions d’euros que le fisc a bien failli réclamer à la Ville si elle n’avait rétropédalé après le vote d’une délibération contestable, en août dernier.

Une décision qui avait eu pour effet d’effacer purement et simplement la dette de loyer du Snowhall pour l’année 2010, soit 535 000 euros. Un coup d’éponge municipal providentiel certes, mais qui, ses auteurs l’ignoraient, modifiait également les conditions dans lesquelles la TVA avait été perçue (par la Ville) lors de la construction de la piste de ski. La délibération a été annulée !

Un message plutôt clair pour les nombreux débiteurs et responsables de ces structures aux finances toutes exsangues. Jean-Marc Vaccaro, directeur fraîchement nommé du Snowhall, encaisse en attendant les jours meilleurs. Les loyers impayés, chez lui, ne datent pas d’hier : « De véritables cochonneries ont été faites à Amnéville. Aujourd’hui, j’essaye, à mon niveau, de remettre de l’ordre ». Président du Pôle thermal, Laurent Fanzel fait savoir, pour sa part, qu’il a depuis longtemps commencé à rembourser et même obtenu un moratoire.

> « Le docteur construisait… »

À Amnéville, les errements d’hier semblent plus que jamais être facturés aujourd’hui. Doris Belloni, patronne du mandat précédent, fidèle de Jean Kiffer, tente une explication sur le pourquoi de ces loyers jamais ou rarement réclamés. Dans l’illégalité la plus totale : « Le docteur construisait, vous savez. Ensuite, les loyers… Il savait que les uns et les autres ne pourraient pas payer. Et moi, c’est vrai, j’ai appliqué le même principe ou fait preuve de clémence pour ne pas mettre à mal ce qui avait été fait. Surtout pour le Snowhall, c’était évident. On savait que la structure ne ferait jamais de bénéfices. Et puis 500 000 euros par an, c’est énorme ! » Le nouveau directeur ne dit pas le contraire.

Saada Sebaoui (Le Républicain Lorrain)

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