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A 31 bis payante : des élus divisés


L'A31 bis serait financée par un système de péage. Les élus lorrains sont divisés sur la question, sachant qu'il s'agit d'un axe européen (Photo : Julio Pelaez, Republicain Lorrain).

Les services de l’État l’ont réaffirmé devant les parlementaires de Moselle vendredi soir : l’élargissement de l’A 31de Thionville au Luxembourg sera payant, dans le cadre d’une concession. Les élus sont divisés.

L’État a décidé de réaliser la portion nord de l’A31 bis (contournement ouest de Thionville et élargissement du tronçon Thionville-Luxembourg) dans le cadre d’une concession. La société privée qui réalisera les travaux, estimés à plus d’un demi-milliard d’euros, instaurera alors un péage sur cet axe fréquenté actuellement par 80 000 véhicules par jour. C’est le scénario qui a été présenté aux parlementaires mosellans réunis en préfecture, vendredi, à l’invitation de la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal).

Les frontaliers vont payer

À l’issue de cette réunion, le sénateur PS Jean-Marc Todeschini a tenu à dénoncer ce choix : « Ce n’est pas acceptable pour les communes environnantes qui risquent de voir le réseau secondaire saturé par les véhicules refusant de payer le péage. Ce n’est pas plus acceptable pour les travailleurs frontaliers qui, pour la majorité d’entre eux, n’auront d’autres choix que de payer. »

Le sénateur Todeschini est prêt à engager le combat. Et il n’est pas le seul. D’autres élus, comme Jean-Louis Masson (divers droite), Brahim Hammouche (MoDem) ou Patrick Weiten (divers droite) ont toujours manifesté leur hostilité à la concession. « Cette autoroute est d’abord européenne, nationale et au moins régionale, observe Patrick Weiten. Elle doit faire l’objet d’un financement de l’Europe, de l’État et d’une taxe transit collectée par la Région. »

« Si on refuse la concession on refuse l’A31 bis »
Mais aujourd’hui, un autre front se forme. Celui des élus qui sont prêts à accepter le principe de la concession, au nom de l’urgence. « Il faut dire la vérité aux citoyens : l’État n’a plus d’argent. Donc si on refuse la concession, on refuse l’A 31 bis », affirme Pierre Cuny, maire de Thionville (divers droite). Il n’est pas prêt à signer un chèque en blanc au futur concessionnaire pour autant : « Plutôt que d’engager une bataille perdue d’avance contre la concession, nous devrions plutôt travailler sur les modalités de celle-ci. L’objectif, c’est clairement de faire payer le plus possible les poids lourds et le moins possible les usagers.»

Même pragmatisme chez Isabelle Rauch, la députée LREM du secteur : « Moi, je ne suis pas foncièrement pour le péage. Mais je suis pour l’amélioration de la mobilité, et vite. Après des années d’immobilisme, ce dossier est sur le point de se débloquer grâce au recours à la concession, observe-t-elle. Saisissons cette chance. Ensuite, à nous de travailler pour obtenir les meilleures conditions possibles afin de minimiser le coût pour les usagers. Il y a aussi un gros travail à mener pour protéger le réseau secondaire des poids lourds. Soyons dans la négociation plutôt que dans l’opposition. »

Anthony Villeneuve

Et les camions vers le Luxembourg ?

Qui dit A31 bis payante dit risque de report des flux sur l’A30 (Metz-Belgique) gratuite. Et un possible engorgement de la zone Athus-Longwy, notamment de la part des poids lourds, qui feraient un simple crochet via le Grand-Duché pour faire le plein, avant de repartir vers les ports du nord. Le Monsieur transfrontalier du Grand-Est, Éduard Jacque, par ailleurs ancien maire de Longwy, s’était alarmé de ce risque dans nos colonnes. 

Il préconise par ailleurs une forme d’écotaxe pour les poids-lourds, pour financer la nouvelle A31 bis, sans pénaliser l’usager quotidien. Une écotaxe qui a d’autant plus de raison d’être quand on sait que le Luxembourg construit des milliers de m2 d’entrepôt de logistique juste derrière la frontière, à Bettembourg, sans trop se préoccuper de l’impact des flux sur les territoires frontaliers. Jeudi, 100 000 m2 nouveaux d’entrepôts en été annoncés sur la zone Eurohub de Bettembourg.

Hubert Gamelon

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