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Élections législatives : l’insécurité plus présente dans les programmes que dans les esprits


Pour beaucoup de partis, la recette contre l’insécurité est simple : plus de policiers et plus de moyens, voire davantage de caméras pour certains.

Malgré une délinquance en hausse, le sentiment d’insécurité reste stable, ce qui n’empêche pas les partis de surfer sur ce thème, souvent avec les mêmes solutions.

D’après les derniers chiffres en date du Statec, 21 % des résidents affirment ne pas se sentir en sécurité quand ils marchent seuls la nuit dans leur quartier. Si le chiffre est en faible augmentation – ils étaient 19 % en 2013 – difficile d’affirmer que le sentiment d’insécurité grandit dans la population grand-ducale.

La comparaison entre les sexes met néanmoins en valeur de grosses disparités, puisque seulement 14 % des hommes craignent de se promener seuls la nuit, contre 29 % des femmes. Même chose quand les expériences de violence entrent dans l’équation : les personnes déjà victimes d’une agression par le passé se sentent évidemment plus en insécurité que les autres (23,4 % contre 18,6 %).

Malgré ces différences, les résidents luxembourgeois se sentent globalement plus en sécurité que leurs voisins, notamment allemands, comme le rappelle le Statec, où 28 % de la population craint de marcher seule dans la nuit. Pourtant, les derniers chiffres fournis par le ministère de la Sécurité intérieure ne sont guère encourageants. En 2022, le nombre d’infractions enregistrées par la police était en effet de 54 552, soit un bond de 27 % par rapport à l’année précédente.

Les vols simples sont de loin les infractions les plus répandues (11 324 cas), même si les vols avec violence ont tendance à augmenter et sont passés de 505 en 2021 à 591 cas en 2022. Ces derniers, moins nombreux, mais beaucoup plus spectaculaires et marquants, nourrissent le sentiment d’insécurité. Avec 89 cas en 2022, les vols avec violence où l’agresseur était armé connaissent en revanche une diminution de 7 % par rapport à 2021.

Des chiffres stables en dix ans

Ces tendances, le Luxembourg les partage avec le reste de l’Europe, où l’on note également une nette augmentation sur un an de la délinquance. Une situation qui peut s’expliquer par la période très particulière du covid où restrictions et confinements ont limité les risques d’agression. À la levée de ces mesures, l’insécurité est tout naturellement repartie à la hausse.

Si l’on prend un peu de recul et qu’on s’intéresse au long terme, ces chiffres deviennent d’ailleurs moins alarmants. Dans son dernier rapport sur la sécurité, le Statec compare les chiffres de 2013 et de 2020. Là aussi, les vols sans violence augmentent, touchant 12,8 % des habitants en 2013, contre 16,8 % en 2020, mais ceux avec violence ont presque diminué de moitié sur la même période.

Parmi les infractions, les vols de voiture restent plutôt rares au Grand-Duché, seulement 1,6 % du total des infractions en 2020 et sont même en baisse, puisqu’ils atteignaient les 7 % en 2013. Pour les cambriolages, là aussi la tendance est à la baisse depuis près de dix ans avec 2 228 effractions en 2013, contre 1 565 en 2022.

Un même remède : plus de moyens

Alors, le Luxembourg reste-t-il un pays sûr ? Pour le ministre de la Sécurité intérieure, Henri Kox, la réponse est évidente, et ce, malgré les dernières critiques de l’ADR. Mais cela n’empêche pas la sécurité de rester bien présente dans tous les programmes, derrière des thèmes comme la fiscalité, le temps de travail ou le système de santé.

Les réponses ne font pas dans l’originalité : plus de policiers, plus de moyens. La mesure revient dans de nombreux programmes, de gauche comme de droite, qui souhaitent poursuivre les campagnes de recrutement effectuées ces dernières années. Les pirates veulent même soulager la police en lui retirant certaines tâches, notamment administratives.

Parmi les partis à la Chambre, seule déi Lénk dénote en proposant un contrôle accru des policiers et le renforcement des moyens de l’Inspection générale de la police. Le parti de gauche est en revanche fermement opposé à la généralisation des caméras de surveillance, alors que le DP ou le CSV souhaitent renforcer leur présence.

Contrairement à leurs adversaires, démocrates et chrétiens-sociaux s’accordent aussi sur la nécessité d’une police communale, un thème déjà bien présent lors des élections de juin. La plupart reconnaissent tout de même qu’une police plus proche des habitants, que ce soit par l’organisation d’événements ou une présence accrue sur le terrain, serait bénéfique à la sécurité de tous.

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