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Une bonne note

Quelle sera la réelle marge de manœuvre financière du futur gouvernement conservateur-libéral ? Vu que les finances publiques se dégradent depuis la rentrée de septembre, d’aucuns redoutent déjà qu’une cure d’austérité sera ordonnée par Luc Frieden, qui, en tant que Premier ministre, pourrait aussi prendre en main le ministère des Finances. Cette constellation offrirait un pouvoir important au nouveau chef de gouvernement. En attendant la conclusion, a priori encore dans le courant de cette semaine, d’un accord de coalition, CSV et DP ont pris jusqu’à présent un seul engagement ferme : conserver le triple A du Luxembourg. Cette notation est cruciale pour le Luxembourg et sa place financière, toujours moteur de l’économie nationale… Le gouvernement sortant a toujours refusé de dépasser la barre d’une dette publique supérieure à 30 % du PIB, aussi par crainte de voir les agences de notation retirer leur confiance au Grand-Duché. Les lignes commencent désormais à bouger. Mais est-ce que la nouvelle coalition sera vraiment prête à sauter le pas ?

S’endetter encore davantage peut comporter des risques. La porte est cependant ouverte, du moins par l’agence DBRS Morningstar qui est venue souligner vendredi que le Luxembourg «dispose d’une marge de manœuvre (…) suffisante pour absorber une augmentation temporaire des pressions budgétaires en raison d’un faible niveau de dette publique et d’un stock important d’actifs publics». Ce constat est dressé sur base du budget de l’État provisoire pour 2024, dont les projections n’intègrent encore aucune des mesures fiscales que veulent prendre le CSV et le DP. Luc Frieden affirme toujours que sa grande promesse d’un allègement fiscal pour tous est viable. Le camp libéral se dit aussi prêt à mener une réforme fiscale, sans faire de «harakiri», pour reprendre les mots de la ministre des Finances sortante, Yuriko Backes. Il sera intéressant de prendre connaissance des conclusions inscrites dans le programme gouvernemental.

La bonne note attribuée par les agences, dont DBRS Morningstar, doit plutôt encourager la nouvelle majorité conservatrice et libérale à investir dans l’avenir du pays au lieu de céder aux sirènes d’une politique d’austérité.