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Un choc ? Quel choc ?

Au lendemain du premier tour des élections régionales françaises, deux grands journaux hexagonaux aux orientations politiques opposées (L’Humanité, de gauche et Le Figaro, de droite) titraient en une «Le Choc» après un nouveau score historique pour le Front national (FN) de Marine Le Pen.

Si l’hypothèse de voir la fille de Jean-Marie présente au second tour de la présidentielle en 2017 est devenue une certitude depuis longtemps, la voir accéder à la fonction suprême ne tient désormais plus de la lubie de quelque Cassandre, il s’agit bien là d’un scénario crédible. Mais est-ce vraiment une surprise ?

D’élection en élection, le FN ne cesse de progresser ces dernières années. Les résultats de dimanche ne sont que la confirmation de ce mouvement de fond. Mais avant d’être un triomphe pour le parti d’extrême droite, ce dernier scrutin avant 2017 signe surtout l’échec et le désaveu du Parti socialiste (PS) et des Républicains (NDLR : ex-UMP). Au lieu de se demander : «Mais pourquoi diable nos compatriotes votent-ils pour le FN», droite et gauche devraient inverser le raisonnement. «Mais pourquoi ne votent-ils plus pour nous», notamment en s’abstenant, serait la question la plus appropriée.

En 2007, les Français ont eu droit au «Travailler plus pour gagner plus» de Nicolas Sarkozy. En 2012, ils ont eu droit au «Mon ennemi, c’est le monde de la finance» de François Hollande. Mais dans les faits, l’un comme l’autre ont échoué à faire baisser le chômage qui touche des millions de Français et bat des records quasiment chaque mois. Aucun des deux n’a remis en cause le dogme de l’austérité qui règne en Europe. Aucun des deux n’émet le moindre doute sur l’accord de libre-échange transatlantique (TTIP) actuellement en discussion, alors que la mondialisation suscite la peur chez de nombreux Français.

Le FN, lui, n’a jamais eu le pouvoir, il n’a donc pas encore eu le temps de décevoir et a beau jeu de se poser en seule alternative à la politique menée ces dernières années. Le problème, c’est que, d’une certaine manière, ses adversaires lui donnent raison.

Nicolas Klein (nklein@lequotidien.lu)

Un commentaire

  1. Je trouve votre analyse pleine de bon sens Nicolas.
    Je pense aussi que les français aiment se faire peur et je ne vois pas le FN gagner plus de 2 régions au second tour (même peut-être moins). Sarko, lui, joue sa carte personnelle et mise sur la victoire du FN dans un maximum de régions pour avoir l’occasion de discréditer leur doctrine et leur gestion avant la présidentielle et aussi bien sûr abattre le PS. Ce n’est pas fair-play. Comme Valls l’a fait, il aurait dû avoir l’élégance de renvoyer l’ascenseur au PS et se retirer là où son parti était en ballotage défavorable. Vivement dimanche comme dirait l’autre…

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