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Un «brique-à-brac»

Que retenir des Assises nationales du logement organisées mercredi et qui ont réuni 175 représentants d’un secteur qui se dit dos au mur ? «Les tergiversations continuent», tranche Tom Wirion, le directeur de la Chambre des métiers. Mais pouvait-on vraiment s’attendre à de grandes annonces de la part du ministre du Logement, Henri Kox, plus décrié que jamais ?

Peu avant Noël, le secteur de la construction avait sonné l’alerte. Les récentes annonces à propos de la révision de la loi sur le bail à loyer et de la lutte renforcée contre la spéculation foncière, combinées à l’explosion des coûts et à une hausse des taux d’intérêt, mèneraient à une catastrophe. Mercredi, Roland Kuhn, le vice-président de la Fédération des artisans, a répété que la «guillotine» allait tomber à la mi-2023. La tendance est, en effet, inquiétante, avec une baisse des autorisations de bâtir et des ventes de logements en l’état futur d’achèvement de 30 % et plus.

Les mesures d’urgence réclamées à l’État seront partiellement honorées. Le retour à 3 % de la TVA sur la création de logements locatifs neufs (contre 17 % actuellement) est écarté par le ministre Kox. Par contre, il est prévu d’augmenter le crédit d’impôt sur les actes notariés de 20 000 à 30 000 euros et d’abolir les frais d’enregistrement sur les constructions en l’état futur d’achèvement. Les deux mesures seront, comme demandé, limitées à 12 mois. Mais elles s’adresseront uniquement aux primo-acquéreurs. L’État se dit aussi prêt à acquérir, de manière très ciblée, des projets de logements en cours de construction. Pas question, toutefois, de remettre en question les fondements de la très contestée réforme de la loi sur le bail à loyer.

En fin de compte, il existe des ouvertures, mais aucun échéancier précis pour la mise en œuvre des mesures. Le temps presse pourtant. Il reste à peine cinq mois pour faire passer à la Chambre des projets de loi d’envergure (bail à loyer, impôt foncier, taxe antispéculation…) qui risquent d’être recalés par le Conseil d’État.

Il faut accorder au ministre la volonté d’activer de nombreux leviers pour inverser la vapeur. Pour l’instant, toutefois, cela ressemble à un «brique-à-brac» dont le véritable effet – qui, de plus, ne se produira qu’à moyen et long termes – est encore très incertain.

2 plusieurs commentaires

  1. Glaesener Thierry

    Pourquoi chercher midi à quatorze heures ?
    Il ne faut pas se tromper de cible: le problème à résoudre est en premier lieu un problème de LOGEMENT! – bien plus qu’un problème d’accession à la propriété.
    Et tout économiste sensé et impartial vous le dira:
    c’est un problème d’offre et de demande qui ne se balancent nullement pour l’instant. La demande est énorme, l’offre ne suit pas, il faut donc la ‘booster’ en activant les composantes: terrains, construction, main–d’oeuvre, financement.
    Malheureusement les mesures proposées par le Gouvernement vont dans le sens contraire: elles freinent l’offre (en particulier le financement), elles encouragent et poussent la demande.
    –>. ACTIVONS L’OFFRE, part tous les moyens et mesures !

  2. Patrick Hurst

    …augmenter le Crédit d’Impot sur Acte Notariers… Voici à nouveau une solution bien luxo: Alors que tout économiste vous dira qu’on ne résoud pas des problèmes d’inflation / de spéculation en injectant encore plus de liquidités.