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Un air de déjà-vu

La rhétorique poutinienne, on finit par bien la connaître depuis le temps. Elle sert à réécrire l’Histoire et livrer un récit national conforme à la propagande chère à son cœur de pierre. C’est lui qui agresse – «il faut frapper le premier», a-t-il un jour professé –, mais c’est lui la victime. Le président russe a ainsi accusé cette semaine les États-Unis de faire traîner la guerre en Ukraine. Pour une fois néanmoins, c’est si rare, admettons qu’il n’a pas complètement tort. Les Américains ont tout intérêt à voir les troupes russes s’enliser et s’enterrer dans le bourbier du Donbass, jusque sur les bords de la mer Noire.

À ce jour, plus de 40 000 de leurs soldats seraient morts sur le front et quelque 20 000 autres – autant de chiffres invérifiables et à considérer avec prudence – seraient aujourd’hui piégés à Kherson, où l’on annonce une contre-offensive majeure depuis des semaines, sans possibilité d’y entrer ou d’en sortir. Les ponts qui enjambent le grand fleuve du Dniepr ayant été détruits par les combattants ukrainiens. En Crimée aussi, base arrière de Moscou depuis l’annexion de la péninsule en 2014, ça chauffe depuis quelques jours et ces «mystérieuses» explosions qui ont poussé les touristes à plier transats et parasols dans la panique.

Là où Poutine a raison, c’est que la situation actuelle n’est pas sans rappeler celle de l’armée soviétique au moment de la guerre d’Afghanistan lancée en 1979. Comme un air de déjà-vu. Dix ans à s’épuiser dans ce pays cerné de montagnes infranchissables. Le «cimetière des empires», comme on le surnomme, tant les puissances colonialistes s’y sont cassé les reins. À l’époque, en pleine guerre froide, l’Amérique de Carter puis de Reagan a bien senti la débâcle arriver. Le fiasco soviétique marquera indirectement le début la chute de l’URSS.

Les États-Unis arment à présent la résistance ukrainienne de la même manière qu’a été armée la résistance des moudjahidines, emmenée par le célèbre commandant Massoud. L’Amérique de Biden devrait toutefois se souvenir qu’à tant remuer les braises du chaos, on peut s’y brûler les doigts. C’est, en effet, dans les vallées imprenables du Panshir, que la poudrière jihadiste s’est embrasée…

Alexandra Parachini

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