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Travailler moins c’est nécessaire

« Logique » : c’est ainsi que le ministre du Travail, Nicolas Schmit, qualifie la réduction du temps de travail qu’il appelle de ses vœux dans un entretien au Quotidien, lundi.

Relayant la revendication du LSAP en vue des législatives d’octobre, le ministre plaide pour le passage de la semaine hebdomadaire de 40 à 38 heures. Constatant que la durée hebdomadaire de travail n’a pas été modifiée depuis plus de 40 ans, il juge que «les nouvelles façons de travailler» induites par la digitalisation rendent cette baisse «logique».

Il cite des études démontrant qu’une amélioration de la qualité de vie des salariés entraîne des gains de productivité pour l’entreprise. Le ministre socialiste préconise un passage par la loi pour en faire bénéficier l’ensemble des salariés, y compris les 50% qui ne sont pas couverts par une convention collective.

Nul besoin d’être devin pour imaginer l’accueil du patronat à cette proposition. Que le LSAP n’est au demeurant ni le seul ni le premier à porter, puisque, à sa gauche, déi Lénk en a fait une revendication de longue date. La réduction du temps de travail est aussi une demande majeure du syndicat OGBL qui, depuis l’automne 2014, milite pour une sixième semaine de congés payés, idée rejetée par… Nicolas Schmit.

La digitalisation et l’automatisation connaîtront dans les années à venir un bond spectaculaire grâce à l’intelligence artificielle. Elles entraîneront d’évidents gains de productivité et détruiront un nombre important d’emplois qu’il faudra compenser par un meilleur partage du travail.

La numérisation de l’économie augmente encore la pression sur les salariés, exigeant une disponibilité de chaque instant, le droit à la déconnexion étant souvent une illusion. Ce surplus de stress mérite d’être corrigé par plus de temps libre pour le salarié, dont l’efficacité sera d’autant plus grande pendant ses heures de travail.

Avec des taux de croissance avoisinant les 4% d’année en année et des profits privés en hausse constante, il s’agit aussi de partager les fruits de l’exceptionnelle prospérité luxembourgeoise entre tous ceux qui y contribuent. Autrement dit, s’accorder sur l’idée que l’économie n’a de sens que si elle sert l’intérêt et le progrès de chacun. Réduire le temps de travail est non seulement possible, mais nécessaire.

Fabien Grasser

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