Est-ce vraiment la faute de la presse si le débat sur l’interdiction partielle de la mendicité dans la capitale n’est pas encore clos ? En tout cas, le Premier ministre a cru bon de suggérer aux journalistes de «passer à autre chose», tout en estimant que le débat en cours était «largement exagéré». À son tour, le chef du gouvernement a frôlé une limite qui n’est pas à transgresser dans un État de droit, à savoir le respect de la liberté de la presse.
Ce faux pas vient s’ajouter à la longue liste de propos irritants tenus par des édiles et ministres, qui remettent ouvertement en doute les décisions judiciaires déjà prises en relation avec la mendicité. L’ensemble des hauts magistrats, ainsi que des juges en deuxième instance, ont conclu que la mendicité simple n’est plus interdite au Luxembourg.
Un fait qui ne semble guère intéresser la députée-maire de Luxembourg, Lydie Polfer, le ministre des Affaires intérieures, Léon Gloden, et, également, le Premier ministre, qui a laissé entrevoir le fait de respecter, uniquement, les jugements des plus hautes instances judiciaires. Un jugement en deuxième instance ne paraît donc avoir que très peu de valeur aux yeux de l’ancien ministre de la Justice, déjà soupçonné par le passé d’avoir tenté de s’immiscer dans l’enquête sur l’affaire Bommeleeër.
Son parti, le CSV, entretient d’ailleurs une relation houleuse avec la justice. On se rappelle Léon Gloden, alors rapporteur de la révision constitutionnelle sur la justice, remettre en cause l’indépendance du parquet. Ses agissements en tant que nouveau ministre des Affaires intérieures apparaissent, ainsi, sous une tout autre lumière.
Il ne voit en outre aucun problème quant à sa sollicitation de la même étude d’avocats que celle de la Ville de Luxembourg pour se voir confirmer que l’interdiction de la mendicité est légale. Samedi, le chef de fraction du CSV, Marc Spautz, est venu critiquer le choix de son collègue de parti, ne cachant pas que cette saga risque de nuire à l’image du Parti chrétien-social.
En attendant la pirouette juridique qu’annonce la ministre de la Justice, Elisabeth Margue (CSV), un débat, qui n’est en rien «exagéré», va continuer, surtout si des politiciens continuent à remettre en question la séparation des pouvoirs et la liberté d’expression.