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Règlement de comptes

Débat sur le projet de budget ou meeting électoral avant l’heure? Les discussions marathon entamées, hier matin, à la Chambre ont finalement peu porté sur les recettes et dépenses prévues en 2023. À vrai dire, un tel débat aurait été peu entraînant. Mais les priorités inscrites dans le premier budget de la ministre des Finances, Yuriko Backes, n’ont pas non plus été commentées outre mesure. Les partis de l’opposition ont bien plus usé d’une tribune pour dévoiler les premiers grands axes de leurs programmes électoraux respectifs pour le scrutin d’octobre 2023.

N’est-il pas un brin trop tôt pour mener campagne? Les dix mois qui nous séparent encore de ce rendez-vous électoral sont, en effet, semés d’embûches. Comment la guerre que mène la Russie contre l’Ukraine va-t-elle évoluer? Quel sera le réel impact de cette agression insensée sur l’UE, et donc sur le Luxembourg? Les projections misant sur une inflation en baisse à 3,4 % en 2023, contre 6,4 % cette année, pourraient être dépassées rapidement. Il est d’ailleurs à rappeler que le Statec misait à la sortie de la tripartite sur le fait que le paquet de mesures décidé permettrait de réduire l’inflation à 2,2 %.

Au vu d’un contexte plus que jamais incertain, on ne peut pas donner tort au gouvernement de miser sur une politique financière qualifiée de «prudente». La ministre Backes martèle que l’État doit se laisser une marge de manœuvre suffisante pour réagir, courant 2023, en cas de détérioration de la situation économique et sociale. Dans le camp de l’opposition, par contre, le seul fait que le budget 2022 devrait se clôturer par un déficit moindre que prévu est jugé suffisant pour mener encore une réforme fiscale d’envergure.

Dans une certaine mesure, il y a contradiction dans leurs propos. Tous clament que le gouvernement a omis de mettre de côté une «pomme pour la soif» avant le déclenchement de la crise sanitaire début 2020. La ministre des Finances souhaite garder cette même pomme pour 2023. Pour contrer la crise ou pour faire un cadeau électoral? Elle promet en effet, en cas d’un mieux financier, de procéder avant les législatives à un allègement fiscal ciblé. Il est douteux qu’une telle action puisse vraiment venir compenser les «oublis» pour réduire les inégalités sociales.

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