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Rappel à l’ordre

Ils se sont reparlés. Mais la hache de guerre est-elle vraiment enterrée ? Vu le silence que se sont imposé lundi patronat et syndicats, il est difficile d’évaluer si les deux camps vont pouvoir retrouver un dialogue plus serein après plus de deux mois d’échanges virulents.

«Il est temps que ce cirque s’arrête», avait lancé dès le 11 novembre le nouveau président de l’UEL, Nicolas Buck. Le patron des patrons et sa communication hasardeuse se trouvent pourtant à la base d’une profonde remise en question du modèle social du pays. Lundi, ce même Nicolas Buck a brièvement évoqué un «accord commun». Mais tenue à la va-vite à la sortie de la première réunion tripartite depuis le clash de septembre, la valeur de cette déclaration reste à vérifier.

L’objectif du gouvernement est de «rapprocher le plus possible les positions» du camp patronal et du camp syndical afin de préparer au mieux le droit et le monde du travail à l’économie numérique de demain. Les enjeux sont de taille. Le ministre de tutelle, Dan Kersch, flanqué lundi de la ministre de la Famille, Corinne Cahen, veut croire qu’une prise de conscience a eu lieu. En même temps, il n’a pas oublié de mettre un coup de pression en soulignant que le gouvernement comptait «prendre ses responsabilités» si aucun accord tripartite n’était possible.

Le rappel à l’ordre est clair. Mais il n’est pas sûr qu’il sera suffisant pour retrouver un échange bien plus poussé, peu importe que l’on appelle cela une «discussion» ou une «négociation». La médiation du gouvernement, jusqu’à présent assez réservé sur le sujet, sera certainement encore nécessaire. On ne sait en effet toujours pas si l’UEL sera prête à accepter le Comité permanent pour le travail et l’emploi (CPTE) comme instance pour préparer le terrain. Afin d’éviter de se retrouver isolé, le patronat doit rapidement rectifier le tir. Car le temps presse.

Sans reprise d’un dialogue digne de ce nom, le Luxembourg va se retrouver avec un droit du travail nullement adapté aux défis liés à la digitalisation de l’économie. Les salariés seraient une nouvelle fois les plus grands perdants.

David Marques

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