Quelques bouquets de fleurs, des moments de respect silencieux, discrets. Pourtant, cela n’a pas empêché plus de 400 arrestations à travers le pays. Quelques Russes ont bravé les interdits et ont voulu rendre hommage à Alexeï Navalny, mort dans une colonie pénitentiaire située au-delà du cercle arctique, dans le nord de la Russie. Pas de corps, pas d’explications concernant le brusque décès de l’opposant emprisonné par le pouvoir de Poutine. Le maître du Kremlin avait de toute façon éliminé son adversaire dès qu’il est rentré en cellule en 2021. Il ne représentait plus une menace. Sa mort n’est que l’aboutissement du plan. Seuls quelques Russes ont fait face au pouvoir meurtrier et les premières condamnations sont tombées. Une personne a par exemple pris 15 jours de prison pour avoir seulement brandi une photo d’Alexeï Navalny. On en est là.
Depuis le début de la guerre en Ukraine, la Russie resserre toujours un peu plus ses mâchoires sur cette partie de la population qui refuse de baisser les yeux devant le pouvoir de Poutine et de ses sbires. Malgré les arrestations arbitraires et grotesques. Mais sont-ils toujours aussi nombreux qu’avant ? Le risque semble être devenu trop important. La Russie s’est «resoviétisée». Selon les journalistes installés à Moscou, les habitants doivent parler avec prudence, même à des connaissances. Gare aux nervis du Kremlin.
Aujourd’hui, le peuple russe semble maté et prêt à accepter son sort. Quel qu’il soit. Depuis 2022, de nombreux jeunes ont pris le chemin de l’exil, espérant éviter le champ de bataille dans l’Ouest après les phases de mobilisation partielle. Les opposants sont, eux, en prison ou à l’étranger. Ils tentent de continuer le combat comme ils le peuvent face à cette barbarie. Dans le même temps, le pays est vidé de toute volonté farouche de se défendre face au maître du Kremlin et ses plans. L’abattoir géant dans les plaines et les villes ukrainiennes est disposé à recevoir encore ses nouvelles victimes. En attendant sûrement d’autres fronts ailleurs en Europe. Les fleurs seront surtout réservées pour les soldats tombés au combat. Les Russes verront s’il en reste pour Alexeï Navalny.