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Pris en (jet) flag

Des stars qui ne manquent pas d’air… Drake et Taylor Swift sont des poids lourds dans l’industrie musicale, autant qu’ils pèsent sur la planète. Ils y laissent même toute leur empreinte… carbone, en bourlinguant à bord de leurs avions privés. La chanteuse de country pop vient d’être désignée en ce sens «la célébrité la plus pollueuse de l’année», tandis que le rappeur a récemment déclenché les foudres pour avoir fait voler son jet à vide simplement pour le déplacer.

Nombreuses sont les personnalités prises en flag et rattrapées par la patrouille numérique pour leur manque de sobriété. Et de décence. «Ils nous disent à nous, les gens de la classe ouvrière, de culpabiliser pour notre vol annuel lors de vacances pendant qu’ils prennent des jets privés tous les deux jours comme si c’était un Uber», s’enflamment les commentaires sur les réseaux sociaux.

«Celebrity Jets», «I Fly Bernard»… Autant de sites et comptes Twitter qui traquent ces gabegies à travers le ciel, grâce à des données publiques en ligne, et provoquent des réactions épidermiques. Tant chez les internautes donc qu’auprès de ceux qui voient ainsi leurs mauvaises manières affichées. Certains n’hésitent pas à déposer plainte, ce qui peut aboutir à des saisies de matériel. Le patron multimilliardaire de Tesla a, lui, proposé la bagatelle de 5 000 dollars pour tenter de faire passer sous les radars le compte «ElonJet», qui scrute tous ses mouvements aériens. Pauvres riches que l’on voudrait priver de leurs modestes privilèges, alors qu’ils consentent à tant d’efforts en ce bas monde. On imagine, par exemple, qu’ils évitent bien sûr de remplir leur piscine à débordement et d’arroser leur green en pleine canicule. Quant à Taylor Swift, c’est injuste, elle qui prête souvent son petit coucou à d’autres personnes pour rendre service.

Les études établissent que les vols privés dégagent des émissions de CO2 par passager de 5 à 14 fois supérieures aux vols commerciaux et 50 fois supérieures au train. Ce type d’aviation, qui a décollé depuis la pandémie, a désormais du plomb dans l’aile avec la crise climatique qui s’aggrave. Ses fortunés clients vont, eux, devoir se résoudre à avoir davantage de plomb dans la cervelle.

Alexandra Parachini

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