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Pions humains sur jeu de dupes

Des adultes et des enfants, frigorifiés et massés à la frontière polonaise. La plupart ont pris la route pour fuir l’un ou l’autre pays en conflit du Proche-Orient, et tous tentent de déchirer ce rideau de barbelés qui les sépare de l’Union européenne. Des scènes qui se répètent au fil des mois et qui témoignent surtout de «l’instrumentalisation de réfugiés par le gouvernement biélorusse pour exercer une pression sur les frontières extérieures de l’UE», critiquent les diplomaties occidentales.

Bruxelles accuse en effet Minsk de vouloir déstabiliser ses États membres en orchestrant depuis juin dernier un trafic de migrants, transitant par la Pologne mais aussi la Lituanie et la Lettonie. Les visas leur sont délivrés à tour de bras par les autorités biélorusses. Une ruée vers l’Ouest, qui ne manque pas d’alimenter les tensions au sein de nations en plein repli identitaire sur les questions d’immigration. À la baguette du jeu de dupes, déplaçant ces pions dociles pour peu qu’on leur promette une lueur d’espoir : Alexandre Loukachenko. Le président agit en représailles des sanctions européennes imposées à la suite de la répression violente de la contestation citoyenne née en août 2020. La réélection de celui dont les méthodes empruntent tout autant aux voyous qu’aux vieilles dictatures soviétiques est d’ailleurs toujours jugée frauduleuse par l’opposition contrainte à l’exil. «Il est inacceptable que le Bélarus joue avec la vie d’êtres humains à des fins politiques», s’est indigné le ministre slovène de l’Intérieur, Ales Hojs. Cette réaction illustre parfaitement la crise qui s’aggrave chaque jour davantage à la frontière avec la Pologne, où quelques milliers de soldats bloquent le passage à ceux qui tentent leur chance.

Les Vingt-Sept, qui avaient adopté avec aplomb la première salve de sanctions économiques après l’affaire de «piraterie» sur un avion de ligne, ont dégainé mardi de nouvelles mesures restrictives censées mettre Loukachenko au pas. «Nous ne nous mettrons pas à genoux» devant l’Europe, a-t-il rétorqué avec l’élégance rhétorique qui le caractérise.

Alexandra Parachini

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