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Pas français

On se dit que c’est les vacances, qu’il faut faire un jeûne médiatique. Et puis, évidemment, on craque. Et, oh surprise : une proposition de Sarkozy. Dans le pays qui a inventé les congés payés, les hommes politiques français ne savent décidément pas s’accorder un break… Surtout à l’approche des élections.

«Il faut que l’on garde le principe du droit du sol, mais pas de manière automatique», déclare donc l’ex-président. Chez nos voisins, on naît français parce qu’au moins un des parents est français (droit du sang), ou bien on le devient parce qu’on est né de parents étrangers, qu’on est majeur et qu’on a résidé au moins cinq ans en France depuis ses onze ans (droit du sol). Sarkozy, lui, propose de créer des exceptions au droit du sol : pas de nationalité si la personne a un casier judiciaire à sa majorité, ou si on peut prouver que ses parents étaient en situation irrégulière à sa naissance.

Faisons court : il s’agit d’une proposition post-attentats, bien dans l’air du temps, visant à assainir l’Hexagone de ces terroristes potentiels qui se cachent parmi les immigrés.

On peut toujours en débattre. Mais expulser un gamin qui n’a connu que la France l’éloignera-t-il de Daech, sachant que ce n’est pas sa faute si ses parents étaient en situation irrégulière ? Et puis, défendre un tel principe tout en lui assortissant des exceptions, c’est comme dire qu’on est contre la peine de mort sauf si un de nos proches est victime d’un dégénéré : pas très cohérent.

Mais à quoi bon. Vu le contexte en France, sûr que l’idée de Sarkozy séduira. Pourtant, s’il est si sourcilleux de la probité de ses concitoyens, on aurait une autre mesure d’assainissement à lui proposer. Elle est simple : tu es français si tu paies tes impôts. Donc Johnny Halliday : pas français. Cahuzac ? Pas français. Platini ? Pas français. Ou encore l’ami de Sarkozy, Balkany ? Pas français. Et on peut continuer longtemps comme ça. Il suffit par exemple de piocher dans les Panama Papers qui ont révélé qu’au moins un millier de Français ont pratiqué allègrement le tourisme fiscal. Pourquoi ne pas enlever la nationalité à eux, ces rois de l’évasion qui ne s’acquittent pas de leur devoir élémentaire de citoyen, la contribution fiscale ? Ah, tiens, on n’entend plus une mouche voler…

Romain Van Dyck (rvandyck@lequotidien.lu)

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