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Not in my backyard

Souvenez-vous du «séisme» causé, en 2014, par l’effondrement du crassier de Mondercange. Ce glissement de terrain provoqué par la pluie avait éventré une route et les alentours, soulevant une tonne de critiques. Plus récemment, début janvier, une petite réplique de cet effondrement avait réveillé certains cauchemars chez des riverains.

Imaginez maintenant ce genre de montagne de déchets se multiplier aux quatre coins du Luxembourg. Et pas seulement des déchets inertes comme les graviers de Mondercange. Mais aussi des tonnes de plastiques, de papiers et textiles dont on ne sait plus quoi faire.

Ce scénario catastrophe n’est pas délirant. Il est en train de se dessiner dans la majorité des pays riches, depuis que la Chine a mis à exécution sa décision de fermer la porte à certains déchets.

Comme promis, le géant asiatique a décidé d’interdire à partir de 2018 l’importation de 24 catégories de déchets solides. Et on comprend que la poubelle du monde en ait ras la casquette.

Pendant des années, les industriels européens et américains, habitués à voir l’ogre chinois tout engloutir sans broncher, y ont envoyé près de la moitié de leurs déchets recyclables. Comme on glisse la poussière sous le tapis.

Mais la première usine du monde change, et plus vite qu’on ne le pense. Peu ont entendu parler de sa Grande Muraille verte, pharaonique projet de plantation de forêts, ou de ses villes où les motos à essence sont interdites…

Encore loin d’être un modèle de vertu, le virage vert chinois bouleverse néanmoins le vieux monde. Le Luxembourg doit aussi s’interroger, lui qui connaît très bien ces problèmes de pays riches : surconsommation et gaspillage.

Sa production d’ordures ménagères et de déchets plastiques est parmi les plus élevées d’Europe. Des pays européens qui, en vertu du principe «Not in my backyard» («pas dans mon jardin»), cherchent la parade à la décision chinoise.

Les futures poubelles s’appellent Inde, Pakistan, Cambodge. Au pire, il reste toujours le «septième continent».

Ne le cherchez pas sur une carte, il se balade au gré des flots, dans le Pacifique Nord.

Six fois plus grand que la France, il accumule des millions de tonnes de déchets plastiques vomis par nous tous.

Romain Van Dyck

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