Accueil | Editoriaux | Marronniers sanglants

Marronniers sanglants

Selon que l’on vive au Luxembourg ou dans une tout autre partie du globe, les marronniers seront d’une nature bien différente. Non, il ne s’agit pas ici de discuter botanique et d’une espèce d’arbre très répandue dans nos parcs publics. Un marronnier, dans le cas du journalisme, selon la définition du dictionnaire, est un «sujet rebattu qui reparaît régulièrement».

Quelques exemples dans nos contrées? La rentrée des classes, les départs en vacances, les fêtes de fin d’année…

Mais si le hasard veut que l’on soit né en Afghanistan ou au Nigeria, la teneur de ces marronniers sera évidemment bien différente. Ce week-end, l’OTAN, le bras armé de l’Occident, a bombardé un hôpital de l’ONG Médecins sans frontières, tuant au moins une vingtaine de civils. Mais ces «dommages collatéraux» de l’armée du bien ne sont en fait qu’un marronnier pour les Afghans. Les tensions à Jérusalem entre Israéliens et Palestiniens? Également un marronnier.

Même la riche Amérique a ses marronniers sanglants. La fusillade meurtrière sur un campus universitaire, la semaine dernière, a été qualifiée de «routine» par le président Barack Obama lui-même.

L’Europe aussi commence à avoir ses marronniers meurtriers. Le naufrage en avril d’un bateau de migrants dans lequel 800 personnes sont mortes en Méditerranée avait créé la stupeur. Idem pour les 71 migrants retrouvés morts asphyxiés dans un camion frigorifique en août en Autriche. L’émotion suscitée par la photo du petit Aylan Kurdi sur une plage turque a été immense. Mais seulement voilà, ces tragédies deviennent routinières. Depuis Aylan, d’autres réfugiés sont morts en mer Égée entre la Turquie et la Grèce. Mais ils sont malheureusement devenus des marronniers.

Mais quittons ce catalogue morbide pour nous tourner vers les marronniers économiques. Le patron d’une entreprise qui a menti au monde entier pour mieux vendre ses voitures polluantes démissionne et part avec des millions d’euros en poche, sans passer ne serait-ce que 24 heures en garde à vue? Mais ce n’est pas le marronnier des banques, ça?

Nicolas Klein (nklein@lequotidien.lu)

PUBLIER UN COMMENTAIRE

*

Votre adresse email ne sera pas publiée. Vos données sont recueillies conformément à la législation en vigueur sur la Protection des données personnelles. Pour en savoir sur notre politique de protection des données personnelles, cliquez-ici.