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Magie de Noël britannique

Elle en «rêve pour Noël». Rien ne ferait davantage briller les yeux de Suella Braverman que de découvrir, en déballant les cadeaux déposés au pied de son beau sapin au petit matin du 25 décembre, la première page du Telegraph qui montrerait des avions remplis de migrants débarrassant le plancher britannique. Pour expédier vers le Rwanda – en vertu d’un accord passé il y a plusieurs mois – ces indésirables qui «abusent du système». C’est ainsi que la nouvelle ministre de l’Intérieur du Royaume-Uni a présenté sa politique migratoire, au mépris des conventions internationales sur la demande d’asile. Pour la magie de Noël, on repassera.

«Ce n’est pas raciste que de vouloir contrôler nos frontières», argue la conservatrice de 42 ans, dans la très droite ligne des plus radicaux de son parti. On pourrait presque la croire, si la mesure ne visait pas uniquement des ressortissants du Moyen-Orient et d’Afrique. Dont beaucoup fuient des pays plongés dans le chaos, toutefois moins retentissant qu’une guerre au cœur de l’Europe. La locataire du Home Office veut donc seulement empêcher les moins utiles «aux besoins» de la nation d’envahir ses belles demeures victoriennes.

Un tout premier discours qui a au moins permis de faire connaissance avec Suella Braverman. Elle sait de qui s’inspirer : la Première ministre actuelle, en personne. En juin dernier, alors cheffe de la diplomatie de Boris Johnson, Liz Truss rêvait, elle aussi, de voir les charters s’envoler en une des journaux. Espoir déçu quand, à la dernière minute, la Cour européenne des droits de l’homme a cloué au sol le premier prévu à l’époque. Sa protégée regrette également ce jugement rendu par «un tribunal étranger»…

Braverman fait donc du Truss, qui elle-même fait du Thatcher. Avec ce point commun de considérer que faire preuve d’humanité, c’est mettre à mal son autorité. Et en tant que femmes aux responsabilités, leur légitimité vis-à-vis de leurs homologues masculins. Que pour être crédible, il faut diriger comme un vrai bonhomme. Sans état d’âme, puisque l’empathie, c’est pour les faibles. Il faudrait peut-être leur dire que des brutes épaisses au pouvoir, il y en a déjà suffisamment dans ce monde.

Alexandra Parachini

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