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L’UE trinque encore

Le Premier ministre luxembourgeois n’a plus réussi à cacher son désarroi, vendredi à Bruxelles. «Nous avons des règles. Si on ne les respecte pas, je ne viendrai plus», a lancé Xavier Bettel devant la presse internationale. Son coup de gueule fait suite au nouveau blocage par la Hongrie et la Pologne sur la question migratoire. Les deux pays étaient venus au sommet européen avec la ferme intention de remettre en question l’accord trouvé le 8 juin à Luxembourg.

C’est par majorité qualifiée, et donc contre les voix de Budapest et Varsovie, que l’UE s’est enfin dotée d’un système de solidarité obligatoire pour la prise en charge des demandeurs d’asile. Arrêté à l’échelle du Conseil des ministres, ce compromis n’est plus susceptible d’être renégocié par les chefs d’État et de gouvernement. «Le Conseil européen ne doit pas devenir une sorte de Cour suprême», martelait encore vendredi Xavier Bettel. Ses homologues hongrois et polonais ont cependant réussi à prendre une nouvelle fois en otage les 25 autres pays membres de l’UE.

Cet épisode vient encore entacher un accord qui n’est pas aussi glorieux que certains ministres européens veulent le faire croire. Le principe de solidarité est à saluer. L’obligation de devoir payer 20 000 euros par réfugié non relocalisé est une réponse aux refus systématiques de certains pays d’accueillir des migrants sur leur territoire. La mise en place de centres aux frontières extérieures pour refouler plus rapidement les migrants ayant peu de chances d’obtenir l’asile est quant à elle critiquable. Accélérer les procédures est une chose. Le faire dans des conditions dignes en est une autre. Jusqu’à présent, ce sont plutôt des centres de rétention aux conditions de vie exécrables qui fonctionnent au large de la Méditerranée.

Et pourtant, l’accord arraché début juin constitue probablement la dernière chance pour redorer le blason d’une Europe qui ne cesse de trinquer dans la question migratoire. Les 25 ayant validé le système de solidarité doivent tenir tête aux dissidents hongrois et polonais. En même temps, il faudra tout mettre en œuvre pour que les centres d’accueil aux frontières respectent les droits humains les plus élémentaires. Sans quoi, l’Europe risque de couler pour de bon.

2 plusieurs commentaires

  1. Heureusement qu’ils restent des pays conscients que l’on ne peux pas accueillir toutes les misères du monde. Les autres pays devraient se rendre compte des problèmes que cela occasionnent.

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