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Les syndicats superflus ?

L’OGBL compte plus de 70 000 membres. Le LCGB, plus de 47 500 adhérents. Et la CGFP réunit quelque 34 000 fonctionnaires. Au Luxembourg, environ 151 500 personnes sont donc syndiquées, dont 117 500 dans le secteur privé. Selon les derniers chiffres du Statec, l’économie repose sur 485 000 salariés et, parmi eux, 47 % sont des frontaliers. La fonction publique était dotée, fin 2022, de 34 600 agents.

Ces chiffres suffisent-ils à offrir de la légitimité aux syndicats ? Ou à la remettre en cause ? La réponse est non. Une occasion de renforcer le statut des représentants de la population active a cependant été galvaudée, une fois de plus, lors des élections sociales du 12 mars dernier. Le scrutin le plus démocratique du pays, ouvert à l’ensemble des travailleurs (résidents et frontaliers), a été largement boudé. Le taux de participation est resté bloqué à 34,4 % (+1,8 point par rapport à 2019).

Il s’agit d’un résultat décevant. L’OGBL et le LCGB partagent ce constat, mais ils ont tous les deux souligné mercredi que le résultat obtenu renforce leur position face au gouvernement et au patronat. Au vu des épineux dossiers qui attendent l’État et les partenaires sociaux (lutte contre la pauvreté, réforme des pensions, réforme fiscale, crise du logement, etc.), ils ont raison de le faire. Et c’est bien pour former ce contrepoids que les syndicats continuent de garder toute leur légitimité.

Le camp patronal ne partage pas cet avis, fustigeant les revendications, maximalistes selon lui, du camp syndical. Les employeurs doivent cependant avoir conscience que seules de bonnes conditions de travail, négociées avec le concours des syndicats, leur permettront d’attirer un nombre suffisant de travailleurs qualifiés.

Quel sera le rôle qu’assumera le nouveau gouvernement, accusé d’être pro-patronat ? Un premier constat, peut-être anodin : alors que le Premier ministre, Luc Frieden (CSV), s’était déplacé avec quatre de ses ministres à la manifestation du 1er-Mai du LCGB, aucun membre de l’exécutif conservateur-libéral n’était présent à la fête de l’OGBL, où s’étaient donné rendez-vous les élus de l’opposition. Le premier syndicat du pays ferait-il peur au CSV et au DP ? Au vu des durs propos tenus par le président Patrick Dury, la matinée n’a pas dû être plus agréable du côté du LCGB…