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Les meilleurs ennemis

Ce week-end, les prix des carburants ont encore gonflé. Les cours du pétrole montent et descendent comme les vagues d’une grosse tempête. Et, pris dans l’écume, il y a notre portefeuille. Le sans-plomb 98 est repassé au-dessus de 2 euros pour atteindre les 2,127 euros par litre. Le record du 19 mai dernier où il coûtait 2,061 euros le litre est largement battu. Les autres carburants semblent «donnés». L’essence SP95 augmente de 6,4 centimes pour afficher 1,888 euro par litre. Le diesel prend 6,2 centimes et atteint 1,790 euro par litre.

Une seule personne est ravie de la situation : Vladimir Poutine. La Russie devrait recevoir 1 000 milliards de roubles (13,7 milliards d’euros) supplémentaires de ses exportations d’hydrocarbures en 2022. Le Kremlin l’a déjà annoncé : une partie de cette somme sera allouée à sa guerre, pardon, son «opération spéciale» en Ukraine. Une guerre donc financée en partie par les pays européens qui n’arrivent pas à fermer totalement les vannes du pétrole et du gaz russe. C’est évidemment avec une certaine délectation que Moscou a annoncé vendredi ce chiffre concernant ses exportations d’hydrocarbures et surtout comment cette manne providentielle allait être utilisée : pour continuer à détruire avec méthode un pays et à tuer des Ukrainiens. Le message est directement destiné à nous, habitants des pays occidentaux, qui sommes toujours obligés de nous gaver de ces énergies fossiles et qui n’avons toujours pas trouvé la parade pour nous en passer. Ce n’est pas qu’une dépendance, c’est une vraie addiction.

Il y a de quoi faire la grimace de notre côté et pas seulement à cause du prix déboursé après un tour à la pompe. Il y a en effet de fortes chances que, lorsque nous faisons le plein, lorsque nous payons notre facture de gaz ou d’électricité, notre argent aille, au moins en partie, directement dans les caisses de Poutine. Un maître du Kremlin ravi de pouvoir financer sa guerre grâce à ses meilleurs ennemis. C’est-à-dire nous. Espérons que nos gouvernants et l’Europe n’oublieront pas ce stratagème vicieux de Moscou quand la guerre en Ukraine sera terminée. Il sera alors temps de faire payer l’addition à Poutine.

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