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Le vaurien brésilien

Quel spectacle affligeant nous offre le Brésil aujourd’hui, ce grand pays dont on applaudissait le carnaval flamboyant. Il a perdu de sa superbe depuis que le clown Jair Bolsonaro joue son numéro de l’absurde. Mais il ne fait rire personne, à tant se moquer du monde. Du grand guignolesque qui n’amuse que la galerie d’un bouffon vulgaire. Dangereux, surtout.

Les voix de personnalités de tous bords et tous milieux, jusqu’à l’ancien président Lula, s’égosillent toujours plus fort contre le dirigeant d’extrême droite qualifié de «psychopathe» et «génocidaire». Qu’importe en effet qu’il faille enterrer jusqu’à 4 000 morts chaque jour. Leurs cadavres s’entasseront dans les fosses communes de São Paulo ou de Manaus, pendant que la fête bat son plein sur les plages de Copacabana. La population a désormais tout le loisir et la liberté de se refiler le variant P1 et ses nouvelles mutations, encouragée par une politique antimasque, anticonfinement, antivaccin. Ceux qui réclament des mesures sanitaires n’ont qu’à prendre leur mal en patience, tout en essuyant le mépris craché au visage. Les hôpitaux suffoquent et les malades – de plus en plus jeunes – en sont réduits à monnayer de l’oxygène au marché noir. Mais Bolsonaro, lui, ne manque pas d’air. En même temps, puisqu’il laisse brûler le poumon de la planète, il peut bien laisser ses concitoyens mourir asphyxiés. Tant pis aussi pour les voisins chiliens et guyanais, submergés par ricochet.

L’Amérique du Sud étouffe tandis qu’ailleurs, on retient son souffle. L’Europe s’inquiète de voir la digue de ses frontières céder et ce variant déferler dans tous ses États déjà coulés sous la troisième vague. La France s’est résignée mardi à suspendre ses liaisons aériennes, en catastrophe. Seul le Portugal, bien plus avisé, avait fermé les vannes depuis plusieurs semaines. Les autres, à la dérive, attendent encore les ordres du navire amiral de Bruxelles pour mener leur barque. L’Europe ferait mieux de s’inquiéter davantage du vaurien brésilien, autrement plus incontrôlable que son variant.

Alexandra Parachini

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