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Le travail et les robots

Dans un proche futur, la population est séparée en deux par un mur. D’un côté, la «Zone», avec les 80 % de chômeurs, de l’autre, la «Ville», hébergeant les 20 % d’actifs. Les uns tentent de survivre, les autres sont prêts absolument à tout pour ne pas perdre leur précieux emploi. Fort heureusement, ce scénario n’est que fictif, issu de la série Trepalium (diffusée sur la chaîne Arte).

Si les conséquences du développement sans fin de la robotique sont encore incertaines, le risque est grand de voir disparaître de très nombreux emplois. C’est dans ce contexte que l’idée d’un revenu universel de base versé à tous les citoyens fait son chemin. Mais avant même de débattre de son bien-fondé économique et de sa mise en œuvre concrète, une telle proposition suscite la plus vive hostilité d’une grande partie des citoyens, une réaction quasi épidermique, presque primaire, alors que des versions aussi bien de droite que de gauche du revenu universel existent. On crie à «l’assistanat», on cloue au pilori une mesure qui revient à mettre en place «une société de la paresse». Pourquoi un tel réflexe de rejet?

C’est que le travail est une valeur si ce n’est la valeur centrale de notre société. Avoir un emploi, c’est avoir un statut, c’est donner du sens à son existence, c’est pouvoir regarder ses enfants dans les yeux… Mais dans la réalité, si certains s’épanouissent, s’ils donnent tout pour leur métier, pour d’autres, le travail est loin d’être un outil de réalisation de soi, il n’est qu’un simple moyen de subsistance.

En France, Benoît Hamon a jeté un pavé dans la mare, tous ses adversaires lui tombant dessus à bras raccourcis : «Ce n’est pas sérieux, c’est irréaliste.» Mais si l’on y réfléchit, est-il réaliste, en France, de promettre le plein-emploi, un plein-emploi mort et enterré il y a 40 ans et qui ne reviendra jamais?

Si les hommes ont profité du progrès technique pour s’affranchir en partie des contraintes de la nature, la robotisation n’est-elle pas l’occasion d’une nouvelle libération en permettant de s’affranchir de tâches parfois abrutissantes qui transforment l’homme en machine?

Nicolas Klein (nklein@lequotidien.lu)

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