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Le Sud se rebiffe

On a pu avoir l’impression que le Sud a longtemps été traité comme le parent pauvre.» Ce constat est dressé par Georges Mischo, député-maire d’Esch-sur-Alzette et président du conseil d’administration d’Esch 2022. À quelques jours de l’ouverture de l’année européenne de la culture, les mots choisis sont durs. Mais le «Minettsdapp» qu’est Georges Mischo n’a pas tout à fait tort. Il suffit de se rappeler l’indignation qu’a provoquée auprès de nombreux politiciens mais aussi simples citoyens, le choix d’implanter la toute jeune université du Luxembourg (et non pas de Luxembourg) à Belval. Le transfert de plusieurs administrations sur les anciennes friches, source de la richesse du Grand-Duché, a aussi pu laisser un goût amer.

Pourquoi donc ce manque de considération pour le Sud, un sentiment qui est d’ailleurs partagé par la région nord du Luxembourg? Si la richesse a été forgée dans les aciéries au pied des hauts-fourneaux installés dans le Minett, les décideurs et les plus notables étaient toujours installés dans et autour de la capitale. Il a fallu des générations pour que l’héliocentrisme à la luxembourgeoise fasse place à une décentralisation, qui en fin de compte, ne peut qu’être bénéfique à l’ensemble d’un pays qui ne compte que 2 586 km2.

En même temps, il ne faut pas oublier que des divisions et rivalités existent aussi à l’intérieur même des régions, y compris dans le sud. Demandez à Georges Mischo, qui en tant qu’Eschois de naissance a joué pendant quelques années au handball à Dudelange… La rivalité est cependant devenue saine au fil des décennies. Dans ce contexte, et malgré certaines réticences qui ont existé au départ, Esch 2022 peut marquer un nouveau tournant pour les communes du sud, côté luxembourgeois, mais aussi côté français. L’année culturelle doit aussi permettre au Sud de devenir plus visible, voire de redorer son blason.

La promotion de la culture ne sera cependant pas suffisante pour renforcer la cohésion régionale et nationale. Les efforts pour réduire le risque de pauvreté, bien trop élevé au Grand-Duché, seront encore bien plus importants que les investissements dans les activités culturelles. Il s’agit de l’autre défi majeur de cette année 2022.

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