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Le péché originel

Il existe des chiffres qui peuvent donner le tournis. Au Luxembourg, certains cadres gagnent près de 240000 euros par an. Chez d’autres, le salaire peut facilement dépasser les six chiffres. Mais un revenu mensuel de quelque 20000 euros (ou plus) permet de toucher une pension maximale de 8203 euros. La retraite minimale, garantie par la main publique, est à peine de 1772 euros.

Si le fossé entre le bas salaire d’un simple ouvrier et le pactole touché par un directeur général de la haute finance peut encore s’expliquer par les rouages de l’économie, il faut se poser des questions sur le rôle joué par l’État.

De nombreux observateurs estiment aujourd’hui qu’il est urgent d’agir afin de pérenniser l’assurance pension. Baisse du montant des pensions versées, hausse des cotisations ou changement de formule de calcul : les propositions ne manquent pas.

Sûr des prévisions, le gouvernement ne compte cependant pas aller trop vite en besogne. En effet, les réserves actuelles devraient –sans aucune adaptation du système – suffire jusqu’en 2043. L’objectif à long terme est même fixé à 2060, toujours dans l’optique d’éviter que les futurs pensionnés soient trop lésés par rapport aux retraités d’aujourd’hui.

Des adaptations semblent toutefois inévitables. Mais le système de pensions est sacré au Luxembourg, au même titre que l’indexation. Aucun politicien n’a intérêt à vexer son électorat, habitué à toucher une pension confortable. Un jour, il faudra cependant freiner.

Jeudi, en marge de la conférence de la Fondation IDEA, Jean-Jacques Rommes, éminent représentant du patronat, a rappelé le «péché» du système de pensions. Selon lui, ce sont les travailleurs frontaliers qui doivent payer les pensions des résidents ayant le droit de vote. «C’est du vol», clame-t-il, en oubliant que ce sont ces mêmes frontaliers qui génèrent la richesse nationale, sans bénéficier des mêmes avantages, notamment pécuniaires, que les fonctionnaires et patrons luxembourgeois. À terme, il faudra donc lutter contre pas mal d’autres péchés pour rendre le Luxembourg plus équitable et plus sain sur le plan social.

David Marques

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