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Le nouveau Far West

Avec ses dents qui partaient dans tous les sens, Amos Dudley, 23  ans, était complexé au point de ne plus oser sourire en public. Et quand on est comme la plupart des étudiants, à savoir pauvre, les prohibitifs traitements d’orthodontie ne sont pas une option.

Comme on trouve de tout sur internet, il avait cherché des fabricants en ligne de gouttières amovibles pour redresser ses chicots. Mais là encore, ces sociétés lui demandaient jusqu’à 8  000  dollars.

C’est alors qu’Amos s’est rendu compte qu’il pouvait réaliser lui-même son appareil orthodontique, en utilisant une imprimante 3D de l’Institut de technologie du New Jersey où il étudiait. Et il l’a fait. Pas sans mal, évidemment  : il a dû créer un moule de ses dents en alginate (un produit vendu dans le commerce), en réaliser un modèle 3D à l’aide d’un scanneur laser, puis imprimer en 3D les aligneurs de dents, en se basant sur quantité de manuels d’orthodontie…

Mais au final, pour environ 60  dollars de matériaux, et après 16  semaines à porter ses appareils jour et nuit, Amos a réussi l’impensable  : rectifier lui-même sa dentition, photo à l’appui! Avec en prime un joli buzz pour son futur CV…

Avec l’imprimante 3D, une troisième révolution industrielle se prépare. Pratiquement chaque jour apporte son lot de créations ahurissantes  : l’émir de Dubai vient d’inaugurer un immeuble de 250  mètres carrés réalisé via l’impression 3D, pour moins de 150  000  dollars et en 19  jours seulement.

Les opportunités sont colossales. Mais les risques vont de pair. En jouant à l’apprenti orthodontiste, Amos Dudley aurait très bien pu –  littéralement  – s’y casser les dents. En mettant à la portée de presque tous le processus de création et de production, cassant de fait le monopole des industriels, artisans et autres spécialistes, l’impression 3D ouvre en effet un abîme de problématiques juridiques et éthiques. Fabuleuse lorsqu’elle permet à un handicapé de partager gratuitement le plan d’une prothèse low cost, l’imprimante 3D devient effrayante quand un irresponsable donne sa recette pour imprimer un flingue tout à fait opérationnel. Non, ce n’est pas encore la révolution. Mais le Far West, certainement.

Romain Van Dyck

Un commentaire

  1. Article sans doute un peu trop optimiste, mais optimiste que je ne suis pas loin de partager également pour ma part.

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