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Le mal à la racine

Depuis 1979 et l’invasion soviétique de l’Afghanistan, «l’industrie idéologique» de l’Arabie saoudite, selon les termes de l’écrivain algérien Kamel Daoud, a financé des centaines et des centaines d’écoles coraniques, de mosquées ou de «bibliothèques» sur toute la planète pour porter au plus haut la version rigoriste de l’islam du clergé wahhabite saoudien et la haine d’à peu près tout le monde : les «mauvais musulmans» (soufis, chiites et sunnites ne cautionnant pas son interprétation moyenâgeuse du Coran), les juifs, les croisés et bien sûr les femmes.

Comme le rappelait mercredi au Parlement européen le Belge Philippe Lamberts, le régime saoudien «incarne l’État islamique (EI) qui a réussi». En effet, l’EI – dont la montée en puissance n’est pas étrangère aux agissements de Riyad – pratique peu ou prou le même régime politique que dans la péninsule arabique : décapitations, crucifixions, amputations des mains des voleurs, oppression des femmes, interdiction des autres religions, des cinémas, des théâtres…

Bien sûr, l’EI finira par être vaincu sur le terrain. Mais à l’instar du déclin de l’organisation Al-Qaïda – qu’il a lui-même supplantée mais qui est toujours active – la chute de l’État islamique ne mettra pas fin au jihadisme terroriste qui frappe un peu partout autour du globe. Il est à peu près sûr qu’un autre mouvement assurera la relève. Pour abattre un arbre, rien ne sert de couper quelques branches, il faut s’attaquer aux racines.

La France, dont les dirigeants répètent à l’envi qu’ils sont en «guerre» contre l’islamisme radical violent, n’a jamais eu d’aussi bonnes relations avec le royaume saoudien qu’actuellement. Il est même envisagé d’aider Riyad à se doter d’un laboratoire biologique de haute sécurité dit P4 et de deux réacteurs nucléaires EPR dernier cri. À ce niveau d’aveuglement, ce n’est même plus de l’inconscience, il s’agit presque là d’un cas de psychiatrie clinique. Il semble que François Hollande et Manuel Valls ne mesurent pas la portée de leurs propos : dans un état de «guerre», la collusion avec l’ennemi est un crime de haute trahison.

Nicolas Klein (nklein@lequotidien.lu)

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