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Indéboulonnables

Au Grand-Duché, le pire qui semble pouvoir arriver à un ministre, député, bourgmestre, échevin ou conseiller communal est de ne pas être réélu en fin de mandat. Car, contrairement à nos trois pays voisins – pour ne citer qu’eux –, un mandataire luxembourgeois est doté d’une armure qui le protège contre le devoir de démissionner en cas de graves reproches, faux pas ou autres dérapages.

Rien que sur les 100 premiers jours, sous l’égide du gouvernement CSV-DP, deux ministres, un de chaque camp, se sont retrouvés sur la sellette. Sans que cela ait eu de conséquences politiques. Le premier est Léon Gloden (CSV) qui, dans la foulée de sa décision de valider la très contestée interdiction de mendier dans certaines rues de la capitale, a multiplié les errements. Après avoir accusé le milieu artistique d’avoir provoqué les actes de violence contre son domicile, l’ancien député-maire de Grevenmacher s’est mis à propager publiquement des propos pour le moins douteux sur des limousines allemandes débarquant des mendiants en plein boulevard Royal. Aucun élément palpable n’existe pour soutenir cette thèse. La députée-maire de Luxembourg, Lydie Polfer (DP), fait partie des élues à remettre en cause l’indépendance de la justice. Alors qu’on pensait le dossier mis entre parenthèses, en attendant que les juges tranchent, l’échevine Simone Beissel est sortie du bois, venant se vanter qu’elle «nourrissait» les mendiants, un peu à l’image d’animaux. Il s’avère aujourd’hui que seule l’intervention du président du DP, Lex Delles, a amené Simone Beissel, qui est également députée, à présenter de plates excuses timides.

Les pires reproches concernent Claude Meisch, accusé de violences contre une haute fonctionnaire de son ministère. Finalement, une tempête dans un verre d’eau ou est-ce qu’un rebond est possible ? Pour l’instant, on peut néanmoins affirmer que les mandataires luxembourgeois sont indéboulonnables. On a eu beau titrer «Déboulonné» lorsque Jean-Claude Juncker a décidé, en juillet 2013, de convoquer des législatives anticipées, sans jamais prendre la responsabilité politique pour les dérives au SREL, seuls le ministre socialiste Johny Lahure (1998) et la verte Carole Dieschbourg (2023) ont décidé de démissionner par le passé. Triste bilan.

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