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Grossesses nerveuses

Coup de sang, coup de gueule, coup de bambou. Tous les coups sont permis. Autant, semble-t-il, qu’en matière de politiques publiques liées à la natalité. L’Europe s’inquiète d’un déclin démographique. Ce qui provoque sueurs froides et bouffées de chaleur, du reste, ce sont ces mesures gouvernementales censées regonfler la motivation des couples qui ne consentent plus à se reproduire.

Des couples, mais surtout des femmes. Puisque c’est sur elles, toujours, que repose la charge de porter le miracle de la vie. Les pécheresses qui ne veulent, ni même ne peuvent, honorer leur devoir maternel originel seront mises au ban des sociétés de plus en plus conservatrices.

Citoyennes de dernière classe, bienvenue dans La Servante écarlate. Les utérus sont intimés de devenir des usines à fabriquer des humains. Qu’importe si les grossesses sont nerveuses. La pouponnière industrielle doit tourner à plein régime. Avec la procréation pour seule règle. Le sacro-saint dogme de la famille traditionnelle pour unique valeur cardinale. Il n’y a définitivement pas de place pour celles qui ont viscéralement choisi ou accepté à contrecœur de mener une existence sans descendance.

Honte sur ces sorcières, qu’en d’autres temps l’on envoyait au bûcher des vaniteuses. Les vierges effarouchées à l’idée d’avoir à repeupler nos terres infertiles n’iront pas au paradis. Pour échapper aux flammes de l’enfer ici-bas, il faut donc se soumettre à la toute-puissance de ceux qui dirigent le monde d’en haut. Faire des gosses sans compter, quand la planète n’est déjà plus capable de nourrir des millions de bouches qui crient famine et de ventres désespérément vides. Quand les parents eux-mêmes mal nés tirent trop le diable par la queue pour élever décemment un bout de chou.

Le combat prioritaire, c’est d’assurer la relève des vieux trop usés pour être rentables. Mieux vaut oublier nos encombrants aînés dans des mouroirs. Et la mère des batailles, clament d’aucuns actuellement, c’est de «réarmer» les troupes de vaillants petits soldats. La guerre frappe à nos portes, nous répète-t-on à l’envi. Les canons grippés auront besoin de chair et de sang au moment de cracher leur feu. Au boulot, enfants stressés de la patrie !

Alexandra Parachini

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