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Gramegna, le retour

Il a atteint un âge où il compte encore prendre beaucoup de plaisir. Il souhaite se consacrer à d’autres projets et passer plus de temps avec ses enfants, qui n’habitent pas en Europe.» Ces mots sont signés Claude Lamberty, le secrétaire général du DP, pour expliquer la démission-surprise de Pierre Gramegna comme ministre des Finances. Après avoir défendu son dernier budget de l’État, le trésorier en chef du gouvernement Bettel II a pris, en janvier, sa retraite en lançant un émouvant appel aux députés : «Prenez bien soin du Luxembourg qui est une véritable perle.»

Alors qu’il comptait se retirer en Italie pour s’occuper du vignoble familial, Pierre Gramegna est de retour aux affaires. Hier soir a été officialisée sa candidature pour devenir le prochain directeur général du Mécanisme européen de stabilité (MES). Sa retraite politique aura duré quatre mois à peine.

Certes, l’ancien ministre n’est pas encore nommé. Il est néanmoins un candidat qui aurait été sollicité «par plusieurs États membres et parties prenantes» pour succéder à Klaus Regling. Les chances de voir Pierre Gramegna devenir, le 23 mai prochain, l’heureux élu sont donc réelles. Son expérience des rouages européens constitue un autre argument de taille.

La troisième tentative de Pierre Gramegna pour accéder à un poste européen à haute responsabilité sera-t-elle donc la bonne ? En 2018 et 2020, il avait échoué à devenir président de l’Eurogroupe. Avec le MES, il brigue un autre poste clé de la zone euro. En cas de confirmation, le jeune retraité politique va devoir, à 64 ans, rempiler pour un mandat de cinq ans qui sera tout sauf une partie de plaisir.

Si la nomination d’un Luxembourgeois à la tête d’une institution européenne est toujours prestigieuse, il faut se demander si la démission de Pierre Gramegna était uniquement due à des raisons familiales. Son retour rappelle en outre le départ anticipé du gouvernement d’Étienne Schneider, qui a clamé vouloir «avoir à nouveau une vie normale» avant de se lancer dans une reconversion très lucrative en tant que patron de société et membre de plusieurs conseils d’administration. Être simple ministre ne serait-il plus assez attrayant ? En tout cas, la crédibilité politique pâtit de ces volte-faces.

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